Après un premier voyage estival le long des côtes de la Manche, Pierre, Laurine, Basile, rejoints par Louis, décident de quitter la bouillonnante capitale le temps d’un week-end. Retour en Normandie, à la découverte du Calvados pour deux jours de vélo gravel entre bocages normands et plages du Débarquement.
8h00, gare Saint-Lazare. Des images de bocages et d’immenses plages plein la tête, nous embarquons pour Lisieux. En ce début de week-end, le train est bondé. L’impatience monte. Nous revenons sur l’itinéraire prévu, assis à côté de nos vélos, entre deux wagons. Les places réservées aux cycles sont pleines, nous ne sommes visiblement pas les seuls à être attirés par cette région, à la fois si proche et si dépaysante de Paris. Cette sortie s’annonce comme une vraie bouffée d’air frais. Au programme de cette première journée : arriver à Houlgate, sur la côte Fleurie, en traversant le pays d’Auge.
Le Calvados est un département de la Normandie bordé par la Manche sur 120 kilomètres. Son littoral est connu pour les stations balnéaires développées au XIXe siècle ainsi que pour les plages du Débarquement qui s’étendent du Cotentin à Ouistreham, leurs bunkers historiques et les villas de style anglo-normand.
Dans l’arrière-pays du Calvados, le bocage normand se prête à être parcouru à vélo, du vélo de route au VTT en passant par le gravel, avec ses haies et ses petites routes sans trop de dénivelé. Les paysages et les spécialités culinaires locales vous promettent des pauses de qualité.
Pour le premier jour, nous avons choisi d’effectuer la traversée du pays d’Auge, région traditionnelle du bocage de Normandie qui court sur plus de 80 kilomètres dans les terres jusqu’à la Manche. Le deuxième jour, nous longerons le littoral en empruntant notamment l’EuroVelo 4, aussi connue sous le nom de Vélomaritime, afin de relier Houlgate à Bayeux.
Géographiquement, le Calvados est idéal pour les habitants ou visiteurs de la capitale qui souhaiteraient changer d’air le temps d’un week-end.
Il vous faudra à peine une heure et demie de train depuis la gare Saint-Lazare pour rallier Lisieux grâce à la ligne qui rejoint Deauville. Après un petit-déjeuner rapide, nous avons pris le train de 8h28 et nous étions à Lisieux à 10h02. Bonne nouvelle, les trains qui vous mènent au Calvados disposent de compartiments à vélo gratuit.
Nous sommes repartis à 19h40 de Bayeux avec le train passant par Caen, pour un retour à 22h00 à Paris.
La saison touristique s’étend d’avril à octobre. Les températures y sont douces, les journées longues et la pluviométrie plus basse. Cependant, si vous aimez les champs de pommiers saupoudrés de givre, les lueurs pastels et les balades solitaires sur la plage, l’hiver peut aussi vous combler. Sachez toutefois que les terres du Calvados étant facilement inondables, mieux vaut alors préférer les chemins en gravier ou les petites routes en vélo gravel.
Le train ralentit et s’arrête en gare de Lisieux. Les vélos déchargés, nous procédons à un dernier contrôle mécanique : réglage des freins, de la hauteur de selle et pression des pneus. Le train repart. Nous fermons nos impers, ajustons nos cache-cous, enfourchons nos vélos. Sur nos téléphones, la météo indique 3°C. L’herbe est blanche de givre et notre souffle forme d’épaisses volutes de buée. Par chance, le ciel est clair et les premiers rayons du soleil nous réchauffent déjà.
Jusqu’alors concentrés sur nos vélos, nous nous retrouvons soudainement face au Sacré-Cœur de Montmartre ! Passée la surprise, nous admirons la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux, dont l’architecture d’inspiration byzantine rappelle fortement sa cousine parisienne.
Quittant Lisieux, nous nous trouvons dans le bocage normand. Le mois de février a été particulièrement humide et le parcours sur les chemins agricoles s’avère moins facile que nous l’espérions. Nous slalomons entre les ornières créées par les tracteurs. Les techniques diffèrent : à l’approche des flaques de boue, certains prennent le plus de vitesse possible, dérapent, tentent de garder l’équilibre sous le poids des sacoches, d’autres descendent de leur monture, et essaient, souvent sans succès, de pousser leurs vélos sans s’enfoncer dans les terres spongieuses.
Nous arrivons à Pont-l’Évêque avec plus de deux heures de retard. La visite de la distillerie de calvados prévue dans cette jolie ville sera pour une prochaine fois. Heureusement, à défaut d’eau-de-vie, nous avons dégoté du pont-l’évêque, ce fromage carré emblème gastronomique du pays d’Auge. La chaleur du restaurant où nous prenons nos cafés nous revigore. Nous faisons le point : à ce rythme, nous ne sommes pas prêts de voir la Manche. Nous décidons de couper l’itinéraire prévu et de quitter les chemins pour la route.
On passera donc par Beaumont-en-Auge. Accessible après une belle ascension, nous apercevons au loin Deauville, Trouville, et la mer. Dans ce petit village aux façades de colombages parées de vigne vierge, une devanture noire vitrée avec l’inscription « APRÈS LA PLUIE » nous rappelle la versatilité du temps normand. Intrigués, nous nous approchons. Un homme est absorbé par un tube noir qu’il fait rouler entre ses mains. C’est un kaléidoscope. Dominic Stora est le dernier fabricant de kaléidoscopes et de thaumascopes en France. Nous passons un moment dans cette boutique digne d’un rêve d’enfant. Laurine attrape une boîte en bois et l’ouvre. Une image apparait en relief. Il s’agit d’un stéréoscope, procédé photographique qui crée, par un léger décalage lors la prise de vue, une impression de relief et de profondeur d’image. L’heure tourne. Nous nous arrachons à ce lieu fascinant et enfourchons nos vélos sur les routes du Calvados.
En traversant les haras de Tourgéville, les premières voitures de course apparaissent, signe que Deauville n’est plus qu’à quelques encablures. Arrivés dans la cité balnéaire, nous déambulons entre les touristes sur le front de mer. Les falaises des Vaches Noires au loin, nous flânons au soleil, portés par les embruns marins, dans cette atmosphère animée qui contraste avec l’arrière-pays.
Il nous reste une quinzaine de kilomètres jusqu’à notre étape du soir. Mais la distance est trompeuse car deux ascensions nous attendent. La première nous mène aux batteries du Mont-Canisy. Autrefois position militaire stratégique, les ouvrages militaires en béton côtoient aujourd’hui une végétation verdoyante. Une seconde colline nous mène à un point de vue surplombant Blonville. Nous profitons du paysage en engloutissant une barre énergétique.
Quelques derniers coups de pédale et nous descendons vers Houlgate. Il est 18h45 et c’est soir de match. La France affronte l’Irlande dans le Tournoi des Six Nations. Cette terre, si proche du Royaume-Uni, compte au Havre le plus ancien club de rugby de France. Les vélos accrochés devant un bar, nous arrivons pour la seconde mi-temps. L’ambiance ne faiblit pas et l’équipe de France sort victorieuse de l’échange.
La nuit est tombée depuis plusieurs heures quand nous prenons la direction du gîte où nous attendent nos lits sur les hauteurs de la ville. Lumières fixées sur le vélo, frontales parées, nous voilà partis à l’assaut d’une ultime montée. Les derniers coups de pédales appuyés, notre soirée se résume en trois mots : douche, repas, dodo.
Sortir du lit un lendemain de journée de gravel n’est pas une mince affaire. Le soleil de la veille est maintenant voilé par d’épais nuages. Nous quittons le gîte à 11h00 pour attaquer la descente sur Cabourg. Les maisons à colombages laissent place aux hôtels particuliers. L’embourgeoisement de l’architecture s’accompagne d’une densité urbaine de plus en plus forte. Le contraste avec le bocage normand de la veille est saisissant, et nous sentons que nous sortons du pays d’Auge.
Le vent souffle de plus en plus fort sur la route qui mène jusqu’à l’estuaire de l’Orne. Cette portion de la Vélomaritime longeant le littoral est bordée de magnifiques villas. Comme lors de notre périple manchot, nous répétons nos gammes de bordures pour faire face au vent trois quarts face qui rend la longue ligne droite interminable. Le vélo est aussi un sport d’entraide, de soutien, de relais, pour avancer ensemble malgré les éléments.
Une fois les spectaculaires pont tournant de Ranville et le Pegasus Bridge franchis, exit les stations balnéaires, les parasols et les cabanons de bois. L’atmosphère se fait solennelle, entre l’enfilade de mémoriaux à la gloire des soldats tombés lors des débarquements, les blindés, les noms aux consonances anglaises et les drapeaux des alliés flottant dans le ciel normand. Nous faisons une pause déjeuner à Ouistreham. Pour se mettre dans l’ambiance de ce lieu d’arrivée des ferries de Portsmouth, nous choisissons des fish and chips.
Nous repartons vers les plages du Débarquement. Sur les cinq plages où les Alliés ont mené, à l’aube du 6 juin 1944, l’opération Overlord, quatre se situent dans le Calvados. Nous passons le long des bunkers du Mur de l’Atlantique dressé par les Nazis. Le ciel est bas, il fait de plus en plus sombre et les premières gouttes nous atteignent quand nous longeons Sword et Juno Beach. La route bifurque vers les terres pour contourner les marais. Le vent redouble, nous avons l’impression d’avancer à reculons dans la grande plaine vide. Seule une vieille grange résiste aux éléments, près d’un panzer, canon prêt à tirer en direction du Cap Manvieux.
La bataille de Normandie reste la plus grande opération de débarquement militaire. À Arromanches, d’énormes pavés de béton émergeant de la mer attirent notre regard. Ce sont les vestiges du port artificiel de Mulberry, qui devait permettre aux Alliés d’acheminer véhicules, hommes, armes et vivres. Après Arromanches, le Cap Manvieux offre une vue incroyable sur cet ensemble. Là, un joli chemin sauvage d’une douzaine de kilomètres mène à la batterie de Longue-sur-Mer, un ensemble de bunkers bien conservés et quatre canons dans des champs, face à la mer.
Il nous reste 15 kilomètres à parcourir jusqu’à Bayeux. La pluie revient et alors que nous traversons une magnifique allée de peupliers, la cathédrale illuminée de la ville se dresse à l’horizon. Nous sommes épuisés par les intempéries, nos visages et nos jambes sont trempés. Quand nous pénétrons dans Bayeux, des passants s’exclament « il faut vraiment aimer le vélo pour sortir par un temps pareil ! » Prononcés par des Normands, ces mots resteront gravés dans nos mémoires, comme les derniers coups de pédale. Nous entrons dans la cathédrale, fascinés par le calme et la sérénité du bâtiment. En admirant les voûtes et les vitraux, nous reprenons notre souffle, fatigués mais heureux d’avoir partagé cette aventure tous les quatre.
Le train est prévu pour 19h40, ce qui nous permet de nous affaler dans la salle principale de la gare autour d’une pizza bien méritée. Un bruit sourd s’élève, c’est déjà l’heure de partir. Nous récupérons nos affaires et sautons dans le wagon disposant d’un rangement pour les vélos.
Nous sommes ravis de ce week-end vélo dans le Calvados qui nous semble avoir duré bien plus longtemps, tant il fut riche. On parle déjà de réitérer cette escapade normande. Pourquoi pas, cette fois, rejoindre Cherbourg depuis Bayeux ?
Pour ce week-end dans le Calvados, nous avons choisi de partir avec des vélos gravel, mix entre un vélo de route et un vélo tout-terrain, qui permet de sortir des sentiers battus et d’explorer de nouvelles traces tout en restant performant sur les portions goudronnées.
Pour l’occasion, nous avons roulé avec nos propres vélos préparés par Basile, à partir d’anciens VTT rigides auxquels il a ajouté des composants type route. Si vous n’avez pas de mécanicien dans l’équipe, vous pouvez tout à fait louer des vélos gravel au départ de Paris chez Steel Cyclewear.
En itinérance à vélo, le plus pratique reste de dormir dans un hébergement en dur afin de se charger le moins possible et d’être au chaud les soirs d’hiver. Dans le Calvados, vous trouverez de nombreux gîtes avec le petit-déjeuner inclus. Vous y serez accueillis par des passionnés du coin qui pourront vous conseiller sur les lieux à voir, les itinéraires et les spécialités locales à ne pas manquer, tout en contribuant à faire vivre une économie de tourisme durable.
De notre côté, nous avons été accueillis par Chrystèle dans un joli gîte à Grangues, entre Houlgate et Cabourg. Retrouvez plus d’infos ici.
Les marchés en plein air de Lisieux (tous les samedis matin, entre la place de la République et la place Mitterrand) et de Bayeux (les mercredis matin rue Saint-Jean et les samedis matin place Saint-Patrice) sont parfaits pour vous approvisionner auprès de producteurs locaux du pays d’Auge. Vous y trouverez du cidre, du calvados, les deux fromages réputés du département, le pont-l’évêque et le livarot, des tartes normandes (demandez à la faire couper et emballer pour un goûter qui change des barres protéinées !) mais aussi des caramels d’Isigny, parfaits en cas de soudaine fatigue.
Les marchés du bord de mer vous combleront en produits de la mer. S’il n’est pas forcément conseillé de les faire voyager, vous pouvez toujours en profiter lors d’une pause en bord de mer. Vous trouverez notamment des marchés à Trouville-sur-Mer (les mercredis et dimanches matin de la halle aux poissons au pont des Belges), à Ouistreham (les mardis et samedis matin dans le bourg, les mardis soir de juin à septembre sur l’avenue de la Mer) ou encore à Deauville (les mardis, vendredis et samedis toute l’année et tous les jours en été place du Marché). Le Calvados est célèbre pour ses coquilles Saint-Jacques que vous pouvez aussi déguster dans les restaurants et bistrots du département, entre octobre et mai.
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