Temps de lecture : 13 minutes
En quête de grands espaces, de neige fraîche et de calme ? Le ski de randonnée est fait pour vous. Si la pratique peut impressionner au premier regard, elle est en fait accessible à tous les skieurs alpins, à condition d’être bien informés, bien équipés et, surtout, bien accompagnés.
Nicolas est ainsi parti s’initier au ski de randonnée au côté de Louis, grand passionné, et Pierre-Alexandre Keller, guide de haute-montagne et membre de l’équipe Salewa, partenaire de ce récit. Pendant trois jours, ils ont sillonné le mont Thabor, en Maurienne, avec le refuge du Thabor pour camp de base.
Le ski de randonnée est un beau mélange… de ski et de randonnée. Vous vous en doutiez ? Contrairement au ski alpin, on ne se contente pas de descendre : on monte skis aux pieds, grâce à des fixations spéciales qui permettent aux talons de se soulever (un peu comme en raquettes) et des peaux de phoque fixées sur les semelles des planches afin de glisser en avant, mais pas en arrière. Des couteaux peuvent aussi être posés sur les fixations en cas de neige gelée pour agir comme des crampons. La magie opère : vous montez !
Monter, voilà ce qui occupe la majeure partie de l’activité. L’effort est intense mais il en vaut la peine. En ski de randonnée, on peut s’aventurer sur des itinéraires non-balisés pour trouver de la neige fraîche là où elle se cache, loin de la foule et des remontées mécaniques. Rien n’égale la sensation d’arriver en haut d’un champ de poudreuse immaculée et bien méritée. On retire les peaux pour passer en mode descente et dessiner sa propre trace, totalement immergés dans des paysages sauvages que peu ont la chance d’observer… Avec, en plus, la satisfaction de limiter son impact sur l’environnement si fragile qu’est la montagne.
Le ski de randonnée est accessible à tous, à condition de respecter d’importantes règles de sécurité, de savoir s’adapter aux conditions et d’y aller progressivement. C’est dans cet esprit que nous sommes partis : Nicolas avait très peu d’expérience en ski de randonnée mais ça faisait longtemps qu’il souhaitait se lancer. Il est ainsi parti accompagné de Louis, qui le pratique depuis des années, du guide Pierre-Alexandre Keller dont on vous reparle juste après, et du photographe Nathan Saillet, adepte quant à lui du splitboard.
S’initier au ski de randonnée nécessite un bon niveau de ski alpin hors-piste et une bonne forme physique. Si les premières sorties se font avec un dénivelé relativement faible (600 mètres est une bonne moyenne), il faut être à l’aise en toute neige : poudreuse, transformée, gelée ou cartonnée, et pouvoir négocier avec les éléments naturels (trous, rochers, arbres).
En ski de randonnée, la technique de base à apprendre est celle de la conversion. Il s’agit d’effectuer des lacets pour remonter la pente quand elle est trop raide pour être attaquée de front, en passant ses skis d’un sens à l’autre. Il serait inutile de décrire cette méthode plus en détails ici : demandez conseils, regardez des vidéos et, surtout, entraînez-vous. Ça n’a rien de bien compliqué, le tout est de prendre son temps.
Côté matériel, apprenez à bien le manipuler avant de partir : coller et décoller les peaux de phoque, passer les fixations en position « montée » puis « descente », de même pour les chaussures, mettre ses crampons… Tout le monde peut y arriver. L’ensemble étant souvent plus cher que pour le ski alpin, nous vous conseillons de louer du matériel pour vos premières sorties. Vous pourrez ainsi tester différents modèles et trouver le plus adapté. Nicolas a loué son matériel à Paris, ce qui lui a permis d’avoir le temps de l’apprivoiser avant le jour J.
Vos premières sorties en ski de randonnée doivent impérativement se faire accompagnés d’un ou une guide. Cela est aussi valable pour les plus expérimentés, notamment ceux qui découvrent un massif pour la première fois. De l’enneigement à la météo, le risque d’avalanche, la cotation, la présence d’obstacles… Les paramètres à prendre en compte en ski de randonnée sont multiples et complexes. Seul un guide pourra vous apporter la sécurité optimale et choisir avec vous l’itinéraire adapté aux conditions, à votre niveau et à vos envies. Vous n’aurez plus qu’à profiter !
Avant de partir, et quelle que soit votre expérience, il est important d’être sensibilisé à la nivologie et à l’utilisation d’un DVA. Votre guide vous apportera les bases, mais mieux vaut effectuer des stages. Tous les bureaux des guides et les Clubs Alpins Français locaux en proposent.
De notre côté, nous sommes partis avec Pierre-Alexandre Keller, alias Pack, athlète de la team Salewa. Réunionnais d’origine et ancien militaire au 7éme Bataillon de Chasseur Alpin, il pratique aussi bien le ski de randonnée que la cascade de glace et le dry-tooling. Sa bonne humeur et son optimisme – malgré la météo qui ne s’annonçait pas terrible – nous ont très vite mis dans l’ambiance. On ne pouvait pas rêver mieux pour s’initier au ski de randonnée.
Avec Pack, nous avons choisi de nous diriger vers le mont Thabor (3 178 mètres). Situé dans le massif des Cerces, il marquait la frontière entre la France et l’Italie jusqu’en 1947. C’est un des 3 000 les plus accessibles des Alpes en été, qui offre une superbe expérience de haute-montagne et un panorama à couper le souffle sur les Grandes Jorasses, le Cervin, la Grande Casse… Si le Thabor dessine un environnement minéral et lunaire pour randonner l’été (le GR®5, GR®57 et la Grande Traversée des Alpes passent par là), il est uniquement accessible en raquettes ou ski de randonnée en hiver. Le lieux parfait pour s’initier au ski de randonnée et l’occasion, pour nous, de découvrir ce massif méconnu des Alpes, après avoir arpenté plus d’une fois les Écrins et la Vanoise.
Nous avons opté pour un itinéraire en étoile. Cela revient à établir son « camp de base » dans un refuge et à faire des sorties à la journée en y rentrant le soir. Ce type d’organisation présente de multiples avantages : on monte sans trop d’équipement, on laisse ses affaires au refuge, on profite d’une douche chaude et de bons repas (petits-déjeuners et pique-niques inclus), on peut modifier son tracé selon les conditions du moment — toujours changeantes en montagne — et si un membre de l’équipe veut faire une pause, il peut rester au chaud et soigner ses ampoules. La solution idéale pour s’initier tranquillement au ski de randonnée.
Avec Pack, nous avons ainsi prévu de monter au refuge du Thabor un samedi matin, et de nous y installer pour deux nuits. Sur notre liste de courses : le Cheval-Blanc (3 020 mètres), le sommet du mont Thabor (3 178 mètres) et la Crête des Sarrasins (3 014 mètres).
Réveil 6h00, départ du parking de Valfréjus. 1 000 mètres de dénivelé nous attendent pour rejoindre le refuge du Thabor, qu’on atteint vers 10h45. On s’installe dans la chambre, avant de déjeuner et de rechausser nos skis pour les 800 mètres de dénivelé qui nous séparent du Cheval-Blanc. C’est croûté et gelé, mais on rejoint le refuge sans se blesser où l’on se réchauffe près du poêle. Ce soir, le refuge est plein. En changeant de chaussettes, Nico découvre des ampoules de la taille d’une pièce de 2€ sur ses talons… Ça s’annonce bien.
7h00. On déjeune à notre aise en attendant que le ciel se découvre. Malheureusement, il reste couvert. Pack nous propose de tout de même une sortie vers le mont Thabor. « On verra bien ! » Mais on ne voit rien… Après trois heures de montée, on décide de rentrer. La tempête arrive. Le refuge est vide, tout le monde est redescendu. On s’abrite, on déjeune et, on profite de l’après-midi pour prendre un cours de sécurité et de météorologie. On termine la journée sur un menu léger : soupe, croziflette, fromage, tarte aux poires et chocolat.
On a croisé les doigts toute la nuit pour retrouver le ciel bleu, mais comme hier, on y voit rien. Pour autant, de la neige est tombée. On fait nos sacs, on allume nos DVA et on se remémore notre cours d’hier. Pack veut nous faire prendre la Crête des Sarrasins, à l’extrémité nord du chaînon du Thabor. On évolue en zone dangereuse, on se suit à vingt mètres d’écart, en plein brouillard. Notre guide ouvre la voie, nous explique ses choix et nous emmène au sommet. On déjeune à l’abri d’un rocher pendant qu’il sonde la combe qu’on doit descendre. « C’est maintenant ou jamais ! » On l’aura eu, cette belle ligne dans la poudreuse bien fraîche !
En ski de randonnée, vous alternez entre des moments d’effort intense et d’autres plus calmes : coups de chaud et coups de froid sont à prévoir. Veillez à avoir une tenue adaptée et facilement modulable.
Le refuge du Thabor, notre camp de base pour ces trois jours passés à s’initier au ski de randonnée, est perché à 2 500 mètres à l’ouest du col de la vallée Étroite. La marche d’approche depuis Valfréjus ne présente aucune difficulté. Charline et Ludovic, un couple de jeunes gardiens, accueillent les visiteurs de février à avril et de juin à septembre. Le refuge reste accessible hors période de gardiennage avec seulement 30 places.
Nous y sommes restés en pension complète (petit-déjeuner, pique-nique à emporter ou plat chaud le midi, dîner), ce qui nous a permis de partir les sacs légers (mais l’estomac bien chargé !). Bonus : étant à la frontière franco-italienne, le Limoncello est à tomber…
Nos conseils pour profiter du refuge du mont Thabor :
Tout dépend des conditions ! Le ski de randonnée se pratique de l’automne au printemps, mais il est admis que les meilleurs mois sont mars et avril : la neige se fait plus douce et moins glacée – donc la montée généralement moins technique et physique – les jours s’allongent, les températures sont plus clémentes… C’est l’époque idéale pour s’initier au ski de randonnée. On a d’ailleurs longtemps appelé cette activité « ski de printemps ».
Pour rejoindre le mont Thabor, il faut rejoindre Modane. Depuis Paris, nous avons quitté la Gare de Lyon un vendredi à 18h43. Le TGV nous emmène jusqu’à Chambéry, où l’on prend un TER pour Modane, que l’on atteint vers 23h30. Le lendemain, nous sommes partis à Valfréjus avec la voiture de Pack, mais il existe des navettes qui vont de la gare de Modane à Valfréjus en quarante minute (8€, à réserver à l’avance). Pour le retour, on prend les mêmes et on recommence : TER de Modane à 17h16, changement à Chambéry et TGV jusqu’à Paris pour une arrivée à 22h20.
Prêts pour partir s’initier au ski de randonnée ? Pas si vite, on vous rappelle les règles de base :
Crédit photographique : Nathan Saillet
En partenariat avec
Salewa
Leader européen d’articles de montagne, Salewa s’appuie sur plus de 80 ans de tradition et d’expérience pour proposer une gamme complète (vêtements, matériel et chaussures) permettant d’équiper les pratiquants des pieds à la tête. D’origine allemande, la marque est devenue italienne en 1990, mais a su conserver le meilleur des deux cultures : la rigueur d’un coté et la créativité de l’autre.
INSTAGRAM — Rejoignez la plus grande communauté de nouveaux aventuriers