« Si le bout du monde existe, il se trouve en Patagonie. »
C’est par ces mots que nous vous présentions les magnifiques photos de Jan de Roos, publiées dans notre neuvième volume papier. C’est désormais Maël Lambla qui nous raconte son road-trip sur la route de la fin du monde, au Chili. En chemin : le Parc national Torres del Paine, ses montagnes immenses, ses lacs, glaciers et pampas peuplées de guanacos, à l’ombre des trois emblématiques Cuernos.
Santiago, capitale du Chili, sous la chaleur du mois de décembre. Alors que l’hiver bat son plein en France, il fait ici 32°C. Notre objectif : atteindre le cap Horn en Patagonie, au sud du Chili, en passant par Torres Del Paine et Puerto Natales. L’Antarctique chilien ? Oui, le pays est tellement long qu’il bénéficie de plusieurs saisons à la fois… Il va donc y faire froid !
J’observe Santiago par le hublot. La perspective de ses artères se mêle à celle de l’horizon, accentuant un peu plus la grandeur des gratte-ciels. L’avion fait quelques virées… Droite, puis gauche. On passe au travers des montagnes pour s’éloigner du monde moderne. Après de longues minutes, je découvre à la lueur bleutée du coucher du soleil un pic sortant des nuages, et toute l’ampleur de la Cordillère des Andes.
Première destination : le parc national Torres Del Paine. Pour l’atteindre, il nous faudra parcourir cette fameuse route : El fin del mundo. Littéralement, la route de la fin du monde. Mais pourquoi ce nom si dramatique ? En réalité, je vais vite comprendre pourquoi…
Enfin ! Nous arrivons à l’aéroport de Punta Arenas et nous lançons sur la route en pleine nuit après avoir récupéré notre véhicule, vérifié le gasoil et chargé les sacs. Le road-trip peut commencer. Nous roulons prudemment plusieurs heures sans voir plus que la route qui se transforme en chemin de terre et les nids de poules qui se multiplient. Aucun signe de vie. Nous sommes seul au monde.
Après de longues heures sur cette unique route, nous arrivons à Puerto Natales où nous allons enfin passer la nuit. Nous traversons la ville et, soudain, c’est la fin, le le bout de la terre, qui apparait face à nous. La route s’interrompt face à la mer que nous imaginons dans la nuit noire.
Mauvaise nouvelle : le GPS indique notre auberge à l’endroit d’un bâtiment complètement éteint et sans vie. J’essaie de toquer à une fenêtre, mais rien n’y fait. Aucune lumière ne s’allume, seul le bruit des vagues et du vent frais se fait entendre.
Le lendemain matin, nous découvrons enfin le paysage, aux premières lueurs du jours. C’est magnifique. Nous reprenons la route. Le temps n’est pas très clément. Le vent s’est levé. En arrivant à Torres del Paine, le spectacle est à couper la souffle ! Alors que les emblématiques se dessinent au loin, je m’arrête juste devant une barrière ouverte semblant mener droit sur les trois fameux Cuernos del Paine. Comme une invitation à les découvrir. Plus un mot. On observe ce paysage vierge et imposant.
On reprend la route, rectiligne et interminable. Elle forme enfin quelques lacets pour arriver sur un lac. Une nouvelle pause s’impose. Mais soudain, nous comprenons que nous ne sommes pas seuls : quelques guanacos (des lamas sauvages) mangent au bord de l’eau. Sauvages peut-être, mais pas si apeurés par les visiteurs. Nous arrivons finalement au Parc national Torres del Paine. D’ici partent des itinéraires de trecking particulièrement coriaces. D’ailleurs, une équipe se préparant à partir affronter les montagnes pour 3 ou 6 jours de marche. On reste les observer, un peu envieux. Tout autour de nous, le spectacle est grandiose.
Les intempéries arrivent. Après le vent… Nous reprenons la route sur le chemin de terre mais la boue est partout. Des trous et des rigoles se forment devant nous à mesure que nous avançons tant bien que mal sur la route. Il faut voir le bon côté des choses : le paysage change de minute en minute, tout comme notre certitude à pouvoir poursuivre la route en toute sécurité ! L’atmosphère est indescriptible. Il flotte ici comme une ambiance de… fin du monde ?
Nous arrivons enfin tout au bout. Ici, la route s’arrête. Au loin, des bateaux de pêches partent vers le Détroit de Magellan. Le nom de la route prend ici tout son sens. Ce que nous avons sous les yeux est la dernière terre avant les îles qui nous séparent de l’Antarctique. Notre périple s’arrête là. Plus tard, nous rejoindrons Santiago et le Nord du pays.
Après les intempéries du bout du monde, c’est le désert le plus aride de la planète, Atacama, que nous irons affronter…
Thématiques
INSTAGRAM — Rejoignez la plus grande communauté de nouveaux aventuriers