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Partir en randonnée dans un parc national semble toujours une bonne idée. La promesse de nature sauvage, d’une faune et d’une flore exceptionnelles… et de sentiers bondés ? C’est là le paradoxe de ces espaces protégés dont le label, s’il permet effectivement de préserver l’environnement, attire aussi de nombreux visiteurs.
Le Parc national de la Vanoise ne fait pas exception, sa popularité ayant atteint des sommets. Ainsi, Stanislas Gros et ses amis ont préféré se tourner vers un vallon caché en bordure du parc : la vallée des Avals. Il nous raconte trois jours de randonnée au calme, sans participer à la sur-fréquentation estivale.
Ça faisait plusieurs années que je voulais partir en trek avec trois amis du lycée. Il a fallu attendre un week-end de juillet pour trouver le créneau parfait. Grand amateur de randonnée, je me suis proposé de tout organiser. Eux étant à Lyon, et moi à Paris, je me suis tourné vers les Alpes du Nord, facilement accessibles, et plus particulièrement la Vanoise.
J’avais découvert ce parc national en 2019 lors de ma Grande Traversée des Alpes sur le GR5, et toujours eu envie de revenir l’explorer. Le Tour des Glaciers de la Vanoise, notamment, est l’une des plus belles randonnées de France. Malheureusement, il est victime de son succès et l’expérience peut vite s’en trouver gâchée en été…
L’idée de randonner dans la vallée des Avals s’est alors imposée. Celle-ci se trouve pourtant tout près de Courchevel, et donc du plus grand domaine skiable au monde ! Si sa réputation hivernale n’est plus à faire — c’est un classique pour le hors-piste dans le coin – ses sentiers sont assez peu connus des randonneurs en été.
En effet, ce vallon n’est pas à l’intérieur du Parc national de la Vanoise, mais à la frontière. Sa faune et sa flore y sont tout aussi magnifiques et – paradoxalement – protégées car moins sujettes à la pression des visiteurs. Imaginez des alpages verdoyants ponctués de lacs, avec des vues exceptionnelles sur les cimes du Mont-Blanc et les glaciers de la Vanoise… La vallées des Avals est ainsi un petit trésor de nature paisible et sauvage.
En combinant les conseils d’un ami savoyard, des informations glanées sur sur Internet et la carte IGN, j’ai pu tracer un itinéraire répondant aux critères de tous : trois jours de marche, quelques passages engagés mais un dénivelé raisonnable, des nuits en refuges pour le confort, le tout facilement accessible depuis Lyon.
Partis de Lyon à 6h00 du matin, on chausse les chaussures de rando quelques heures plus tard au hameau de la Jairaz. Les remontées mécaniques que nous apercevons au loin disparaissent très vite. On s’enfonce dans la forêt pour monter vers le lac de la Rozière, tranquillement : petite sieste à midi, longue pause au goûter… Les paysages changent, les arbres se font plus rares et les sommets plus grands. On observe l’impressionnante Brèche Portetta qui nous attend après-demain. « T’es sûr qu’on pourra passer ?! » On n’appelle pas ces monolithes « les petites Dolomites savoyardes » pour rien ! On atteint les lacs Merlet et leur refuge. Une bière en terrasse avec les marmottes, un copieux dîner avec Corinne, la gardienne, un brin de toilette à l’abreuvoir, et au lit.
Malgré un réveil caniculaire – le poêle à bois est efficace – et des ronflements spectaculaires, la nuit a été bonne. On ouvre les volets pour découvrir les glaciers de la Vanoise. Le programme est plutôt facile : le refuge du soir est à seulement… 100 mètres de dénivelé plus bas ! Pour l’heure, on grimpe dans les paysages lunaires d’un long pierrier vers le Col du Râteau. Quelques névés sont présents mais la descente se fait facilement. Après avoir déjeuné au lac, on entame l’ascension du Petit mont Blanc, où un panorama à 360° nous attend. La Grande Casse, l’Aiguille du Fruit et, au loin, le « vrai » mont Blanc. Le temps se gâte, le vent se lève. À peine le temps de rejoindre le refuge qu’un orage éclate. Un bon dîner et une partie de carte signent la fin de journée.
Après un dernier check-up météo avec les gardiens, on part en direction de la Brèche Portetta via le Col de Mey et l’immense Cairn du passage de Plassa. On se sent bien petits aux pieds de ces immenses aiguilles. C’est spectaculaire. La descente se fait prudemment à travers de petits éboulis. Quelques dérapages et chutes contrôlées plus tard, nous revoilà dans les alpages pour pique-niquer. Suite de la visite : les crêtes du Mont Charvet. Pour la première fois depuis le départ, nous croisons d’autres randonneurs en route pour la Dent du Villard, notre ascension finale. Au sommet, une vue panoramique sur la vallée de Pralognan, le Beaufortain, le Mont-Blanc, et notre itinéraire des jours passés. D’ici, on aperçoit notre point de départ, qui sera bientôt notre point d’arrivée.
Nous avons choisi de dormir en refuge, étant à proximité immédiate du Parc national de la Vanoise, où le bivouac est interdit. La météo était aussi incertaine, cela semblait donc plus prudent. Le refuge est un bon compromis pour s’assurer un minimum de confort, des bons repas, alléger les sacs et vivre une expérience authentique et respectueuse de la montagne.
Les Avals n’abritent que deux refuges, à quelques centaines de mètres l’un de l’autre :
Pensez à réserver en avance et à informer les gardiens de vos horaires d’arrivée ou de tout changement de plan. Nous avions dû apporter nos sacs de couchage puisque les refuges ne donnaient plus de couvertures après la crise sanitaire. Dans tous les cas, mieux vaut amener son drap de sac (sac à viande) pour des questions d’hygiène.
Nous sommes partis du 18 au 20 juillet. La vallée des Avals étant en altitude, il est recommandé de la visiter du printemps à l’été, quand les pluies sont moins fréquentes et les températures plus clémentes. Les chemins seront moins fréquentés en juin et septembre, mais des névés peuvent être présents. C’est alors une tout autre expérience ! Nous en avons d’ailleurs trouvé à la Brèche Portetta, mal exposée, même en juillet. De même pour le Col du Râteau, qui n’est pas très compliqué en soi mais peut s’avérer plus engagé selon les conditions.
Quelle que soit la période, soyez prudents et vérifier constamment la météo qui peut changer en quelques minutes. Cette année-là, les orages étaient nombreux en ce début de saison – et les gardiens de refuge désespérés de voir leurs réservations annulées. Attention également : l’eau est plus rare à la fin de l’été.
Étant une équipe de quatre et avec un créneau limité, nous sommes partis de Lyon en voiture. En 2h15, nous atteignons La Jairaz, notre point de départ pour randonner dans la vallée des Avals.
Il est aussi possible de se rendre à Courchevel en transport en commun, grâce au TER jusqu’à Moûtiers, suivi d’un bus. Des lignes de bus assurent aussi la liaison avec Chambéry, Lyon et Genève. Le début de l’itinéraire sera un peu différent pour rejoindre le Lac de la Rozière depuis Courchevel, mais vous aurez aussi moins de dénivelé !
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