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Le massif des Écrins est un lieu mythique pour tout amateur de montagne. Et ce bijou de nature préservée porte bien son nom, avec 150 sommets de plus de 3 000 mètres, de nombreux glaciers et sa célèbre Barre. De belles pages d’histoire de l’alpinisme se sont écrites ici.
De notre côté, c’est d’abord pour l’escalade que nous y sommes allés. Après avoir multiplié les aller-retours à Fontainebleau à la sortie du confinement, on a eu des envies d’ailleurs. Dès que la limite des 100 kilomètres autorisés est tombée, Ailefroide, une référence en matière de bloc en France, s’est rapidement imposée.
Mais on ne pouvait pas se rendre dans les Alpes sans être appelés par les sommets ! On en a donc profité pour découvrir les environs, marcher un peu et faire quelques courses d’alpinisme en compagnie des équipes de Millet — et équipés de leur nouvelle collection, disponible Au Vieux Campeur — partenaires de ce récit.
Après environ 2h30 de route depuis la gare de Grenoble, nous arrivons à Ailefroide, petit village situé à 1 500 mètres d’altitude dans la vallée de la Vallouise, au coeur des Hautes-Alpes. Son nom viendrait de « Alpe froide ». Et pour cause : le soleil se fait bien rare en hiver et les températures glaciales. L’accès y est d’ailleurs impossible à cette période à cause des chutes de neige. L’été, en revanche, le hameau compte plus d’un millier de résidents qui logent pour la plupart au camping local, lieu magnifique entouré de falaises aux faux airs de Yosemite. Voilà notre point de chute.
Je suis avec Martin et Damien, de l’équipe. On retrouve Mandy, Léa et Marie, qui arrivent de Lyon. Formalités d’entrée effectuées, on attrape les crashpads pour prendre la direction du spot de bloc d’Ailefroide, à quelques centaines de mètres seulement de nos tentes.
Je n’ai encore jamais mis les pieds dans les Écrins. Difficile, par contre, d’échapper à la réputation des lieux. Gaston Rebuffat, dans son ouvrage Les 100 plus belles courses du massif des Écrins ou encore Edward Whymper et ses Escalade dans les Alpes ont suffit à rendre tous ces noms propres familiers : le mont Pelvoux (3 946 mètres), les Agneaux (3 664 mètres), le Pic Sans Nom (3 913 mètres), L’Ailefroide (3 954 mètres), le Pic du Glacier Blanc (3 525 mètres), mais aussi et surtout, la magnifique Barre des Écrins (4 102 mètres) et son dôme, qui trônent fièrement sur la vallée.
Fun fact — pas si « fun » que ça — avant l’annexion de la Savoie en 1860, cette barre était le point culminant de France. Et d’ailleurs, second fun fact : comme on ne le savait pas à l’époque, c’était le mont Pelvoux qui était considéré comme tel. Bref. Dans quelques jours, nous irons côtoyer ces sommets. Mais en attendant, nous voilà arrivés sur le spot de bloc.
Ses immenses falaises granitiques font d’Ailefroide un site d’escalade mythique en France, avec plus 120 grandes-voies de 100 à 500 mètres. On y trouve notamment la célèbre Fissure d’Ailefroide, ouverte par Lionel Terray au début des années 1940, et la longueur de Tenue de Soirée, l’un des premiers 8a+ français, ouverte par Patrick Edlinger.
On se contente du bloc aujourd’hui, on gardera cordes et baudrier pour les jours à venir. Topo en main, on commence par le secteur La Capitale, un amas de blocs tranchants aux réceptions accidentées, pas des plus appétissants pour débuter la journée. Heureusement, avec 24 voies du 5 au 7b+, on trouve rapidement notre bonheur.
Léa donne le coup d’envoi sur un 6a baptisé Les bouseux, et on enchaîne avec l’arête qui lui fait face, un 6a également, mais avec deux étoiles. Notre topo présente une légende particulière — pas très inspirée, il faut bien l’avouer — qui ajoute quelques infos bienvenues à ces blocs dépourvus de nom pour la plupart :
Fatigués d’assurer à trois pour éviter les accidents, on se dirige vers le secteur Késaco, de l’autre côté de la rivière, qui semble proposer des réceptions plus tranquilles. Le temps n’est pas fantastique, mais on a la chance de passer entre les gouttes que nous promettaient les applis météo jusqu’au soir. De quoi profiter de deux heures de grimpe de plus !
20h00 : on rentre au camping pour dîner et boire quelques bières autour du feu de camp. 23h00 : tout le monde au lit. Ayant « oublié » d’emporter un tapis sol — ma flemme habituelle — chaque mouvement dans mon duvet est sanctionné par une pomme de pain mal placée… Quand le réveil sonne, à 5h30, j’ai l’impression d’avoir dormi trois minutes.
Au programme de la matinée : une randonnée baptisée “Glacier Noir jusqu’aux Balmes de François Blanc”. Sa description sur Visorando est alléchante : “parcours de haute montagne conduisant sur le fil d’une crête morainique avec panorama époustouflant sur les hautes cimes des Écrins.”
On quitte les quelques chamois croisés aux abords du refuge de départ pour s’engager vers le Nord-Ouest, en direction des glaciers. Le chemin monte en lacets réguliers sur le fil de la crête de la moraine. À gauche, le Glacier Noir. À droite, le Ravin de l’Encoula. Si la randonnée ne comporte pas de difficulté particulière, le sentier est escarpé et le sol a tendance à s’effriter. Mieux vaut avoir le pied bien assuré !
Sous l’oeil des marmottes, on longe la crête jusqu’à un replat où l’on distingue des enclos à l’abri de roches surplombantes. Le lieu idéal pour un bivouac. On est aux Balmes de François Blanc, point culminant du parcours, à 2 550 mètres d’altitude. D’ici, on a une vue imprenable sur le Glacier Noir, l’un des plus grands glaciers du massif des Écrins. Couvert d’une épaisse couche de graviers et de pierres qui ralentissent sa fonte, il prend une teinte sombre et un aspect quelque peu lugubre.
On en profite pour faire une pause. Bien qu’il soit tôt, il fait extrêmement chaud et les sommets des alentours envoient chacun à leur tour des coulées qui résonnent dans la cuvette. Rapidement, on prend le chemin du retour par l’itinéraire de l’aller. La montée nous offrait une vue sur les sommets, la descente, elle, fait face à la vallée. Les torrents de la Momie et celui du Glacier Noir dessinent des courbes qui s’entrelacent au milieu des montagnes. On ne pouvait rêver plus beau panorama pour conclure cette randonnée.
Après une pause déjeuner, il est déjà temps de se séparer. Mandy, Léa et Marie rentrent à Lyon. Damien restera une nuit de plus au camping pour monter vers le refuge des Écrins et entamer une course vers la Barre le lendemain, et vers l’arête des Cinéastes le jour suivant. Avec Martin, on replie nos affaires et on retourne au Pré de madame Carle. Ce soir, on se rend au refuge du Glacier Blanc (2 542 mètres) pour une courte nuit avant un départ vers le Pic du Glacier Blanc, à quatre heures du matin. Il va falloir être en forme…
En partenariat avec
Millet
Créée en 1921 et partenaire de la Compagnie des Guides de Chamonix, Millet est une marque d’alpinisme française qui ne cesse de développer des produits pour évoluer en montagne, toujours en lien avec des experts de chaque pratique (alpinisme, escalade, ski de randonnée et freeride, randonnée, trail) et dans le respect de notre environnement et terrain de jeu.
Au Vieux Campeur
Au Vieux Campeur est une enseigne d’articles de sport et de loisirs avec une ligne directrice immuable : la nature. Pionniers en France, ils proposent le plus grand choix d’équipements pour la pratique d’activités de plein air, de la marche à l’escalade en passant par la plongée et l’alpinisme. Fondée en 1941 par Roger de Rorthays dans une petite boutique du Quartier Latin à Paris, Au Vieux Campeur est une entreprise familiale qui a fait de l’indépendance et de l’authenticité ses maîtres mots.
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