Le Mont Vélan s’élève à 3 722 mètres d’altitude et marque la frontière entre le Val d’Aoste italien et le Valais suisse.
Sa première ascension remonte à 1779, lorsque Laurent-Joseph Murith, chanoine botaniste du Grand-Saint-Bernard, et deux chasseurs locaux, Moret et Genoud, relèvent le défi lancé par cette montagne, dont le nom vient du patois local et porte en lui des significations négatives liées à la noirceur et la domination…
Une montagne rude, exigeante, donc peu courue. Pourtant, le Mont Vélan est un sommet taillé pour le ski de randonnée. Son ascension offre très belle course aux aspects techniques et aux risques non négligeables que Julien Lacroix est parti découvrir.
Un voyage en altitude loin du bruit de la civilisation et des facilités de la vie quotidienne. Souffler, lire la neige, retrouver des valeurs et réflexes essentiels.
Le départ du Mont Vélan en ski de randonnée s’effectue depuis Bourg-Saint-Pierre à 33 kilomètres de Martigny. Du parking, la montée s’effectue à pied, par manque de neige. De nombreuses marmottes jouent près du sentier, signe que la belle saison approche. Le cadre est superbe, cette vallée est très sauvage et encaissée entre les versants Nord encore bien enneigés et les versants Sud déjà asséchés par le soleil printanier.
Après avoir traversé le torrent du Valsorey, nous chaussons les skis pour remonter un vallon jusqu’à la Cabane du Vélan, où nous passerons la nuit. Les gardiens Sylvie et Yvan nous accueillent chaleureusement avec une excellente cuisine. Propriété du Club Alpin Suisse, la cabane est perchée à 2 642 mètres d’altitude sur les contreforts du Mont Vélan. Depuis la terrasse, la face sud rocheuse et abrupte du Grand Combin, seigneur des lieux et monstre sacré du Valais Central avec ses 4 314 mètres, nous domine.
Réveil aux aurores après une courte nuit perturbée par les fortes rafales de foehn nous quittons le refuge à 5h30. Le foehn est le nom donné à un vent fort, sec et chaud dans les Alpes. On l’appelle aussi le “vent qui rend fou”. Il nous accompagnera pendant toute notre ascension.
Le jour se lève peu à peu. Sous l’éclat de lumière de nos frontales, nous quittons la moraine pour prendre pied sur le Glacier de Tseudet jusqu’au col de La Gouille perché à 3 150 mètres d’altitude. Il est important de rester au plus bas en traversée pour atteindre le col. Les chutes de séracs suspendus projettent des débris sur une distance impressionnante. Skis sur le sac, concentrés sur nos pas, nous franchissons le col par un passage délicat au caractère alpin.
Je découvre un paysage glaciaire de toute beauté, la fraîche lumière du jour crée une atmosphère toute particulière. Ensuite, une longue remontée à ski nous attends à travers le Glacier de Valsorey, sur le versant Nord-Est du Mont Vélan. Ce vaste glacier est à l’origine de sa grande coupole glaciaire sommitale. Nous sommes en terrain de haute altitude avec tous ses dangers… Il faut se frayer un passage entre d’immenses crevasses pour atteindre le plateau supérieur.
Nous contournons un éperon rocheux avant de nous engager dans l’ultime pente raide de 40°. Bertrand, en bon guide, taille la trace au piolet dans la neige dure. Les conversions doivent êtres sûres pour éviter la chute. Le vent se fait de plus en plus fort, l’atmosphère est glaciale. La température ressentie est d’environ -20°C.
Nous sommes la première cordée à fouler ce sommet immensément plat et particulièrement atypique! Le panorama à 360° est splendide et dévoile à l’horizon les hautes cimes valaisannes et italiennes de la Dent Blanche au Cervin jusqu’aux massifs du Haut-Giffre et du Mont-Blanc.
Quelques photos plus tard, le froid nous pousse à emprunter le chemin du retour qui s’effectue sur le versant Nord-Est par de belles pentes. Une vraie joie pour le skieur de montagne ! Un magnifique couloir bien raide, sous la montagne des Trois Frères, nous attend. La pente s’adoucit enfin pour déboucher vers d’immenses moraines latérales, traces d’une avancée glaciaire aujourd’hui disparue.
Comme la plupart des glaciers alpins, celui de Valsorey a passablement reculé depuis le milieu du XIXe siècle, perdant plus de 1,5 kilomètres de longueur depuis 1850.
Une triste réalité que l’on observera nettement à notre retour, grâce au tracé de notre itinéraire GPX mappé sur une carte Suisse de 1864. La jonction entre les 3 glaciers du Tseudet, du Valsorey et du Sonadon n’est plus.
Le retour à notre point de départ s’effectue par l’itinéraire monté lors de notre première journée. Nous retrouvons nos marmottes et, avec elles, la réalité. C’est elle qui marque la fin de notre ascension du Mont Vélan en ski de randonnée.
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