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Matthieu Paley, photographe pour le National Geographic, habitué aux contrées et peuples isolés, est parti à la recherche de 7 populations dont les habitudes alimentaires n’ont pas été influencées et modifiées par l’industrie alimentaire.
Le projet de départ était de simplement photographier tous les aspects de la vie des nomades Kirghiz, dans les montagnes du Pamir, une région extrêmement isolée du nord est de l’Afganhistan appelée Bam-e-dunya, le « toit du monde », à 4 300 mètres d’altitude. Au fur et à mesure, le thème du lien étroit entre alimentation et culture est devenu une évidence. À travers ce travail, Matthieu a voulu montrer la diversité des régimes alimentaires de par le monde : parcourir le globe en quête de liens ancestraux que nous entretenons avec la nourriture que nous consommons.
Des pratiques de chasse, de pêche ou encore de cueillette des Kirghizs, des Badjos ou des Hadzas sont révélées par des photos très justes, sublimes et poétiques.
Les nomades Kirghiz, du Pamir Afghan.
Originaires de Sibérie. Leur vie est centrée autour des troupeaux, en quête permanence de bons pâturages. Cette recherche de nourriture les a fait voyager et au fil du temps, ils sont arrivés dans les hauteurs du Pamir afghan, à plus de 4300 mètres d’altitude. Il neige fréquemment en été et il n’est pas rare d’avoir des températures inférieures à -40 °C en hiver. Leur alimentation est typique des plateaux de haute altitude où peu de choses poussent hormis l’herbe, des armoises et quelques oignons sauvages en été. D’autres nomades, comme les Tibétains et les Mongols ont des régimes similaires. Les Kirghizs élèvent principalement des chèvres, des moutons et des yacks, ainsi que des chameaux de Bactriane et des chevaux.
Arctique : les Inuits, tout pour la viande.
On est en décembre, à Isortoq, un petit village de soixante quatre habitants, blottis dans des maisons de bois éparpillés à côté de la banquise telles des dès géants. Durant le bref été, dans ce lieu minéral et glacial, hormis les baies, rien n’est assez téméraire pour pousser…Ici, la nourriture qui n’est pas importée provient uniquement du monde animal. Les Inuits ont un régime traditionnel presque exclusivement carné. Après plusieurs vols, quatre en avion et deux en hélicoptère, vous serez arrivés. Le village le plus proche est à 2 jours de marche à travers un territoire peuplé d’ours polaires.
La jungle : Les Chimane, au cœur de l’Amazonie bolivienne
Les Chimane étaient jadis uniquement des chasseurs-cueilleurs, mais depuis le XVIIIe siècle, ils pratiquent également l’agriculture sur brûlis-un « cadeau » hérité des missionnaires. Il y a toujours un petit carré de maïs ou de plantation qui pousse près d’un camp, généralement à moitié envahi par la jungle. Mais regarder les Chimane cueillir leur nourriture a vraiment été la partie la plus excitante du séjour de Matthieu. Les quatre générations de la famille se nourrissent des fruits, du mais et des autres cultures qui y poussent. Mais la nourriture qu’ils préfèrent provient de la chasse : poisson, volatile et gibier.
Bajau, (nomades de la mer de Sulu)
« De l’eau, de l’eau partout, jusqu’au pied de ta maison. Ta maison est comme un bateau. L’océan te nourrit, il est d’un bleu profond. Tu es un vrai Bajau. » Matthieu cherchait un vrai peuple subsistant presque exclusivement de ce que l’océan a à lui offrir. C’est finalement les Bajau que l’on appelle également « nomades de la mer » que vous rencontrerez et la relation « physique » entre l’homme et sa proie que vous découvrirez.
Montagne : les Burusho de la vallée de la Hunza.
C’est une promenade sublime dans un verger en hiver, surplombé par le camaïeu de gris des montagnes. Bienvenue chez les Burusho, petit peuple du nord du Pakistan qui vit dans la vallée de la Hunza.
Les crétois, au cœur de la Méditerranée. La Crète est la plus grande île de Grèce, un monde à elle seule, une terre bénie de Dieux. La nourriture y est abondante et saine. On parle d’ailleurs communément des bienfaits du régime crétois, l’un des plus vieux au monde et encore pratiqué de nos jours.
Les Hazda de la vallée de la Yaeda en Tanzanie.
Les hazdas ont offert à Matthieu l’expérience la plus forte de tout son reportage. Ils ne pratiquent pas d’agriculture, n’élèvent pas d’animaux et ne stockent aucun vivre. Tous les matins, le camp est vide de nourriture. Ils partent donc marcher dans la savane pendant quelques heures et récoltent ce dont ils ont besoin pour s’alimenter : des baies, du miel-aidés parfois par un oiseau qui les guide dans cette quête, des tubercules et les fruits acidulés du baobab.
Tous nos aïeux ont connu ce mode de vie à un moment ou à un autre de leur histoire. On sait que les Hazda ont le génome le lus vieux jamais relevé dans la population humaine. Les Hazda sont nomades, ils vivent dans des huttes faites de brindilles, couvertes d’herbes, comme des nids qu’on aurait retournés. Quand ils quittent un camp, ils ne laissent aucune trace derrière eux.Herbes et brindilles retournent à la terre. Depuis plusieurs milliers d’années, ils vivent des la même manière et n’ont laissé aucune véritable empreinte sur leur environnement.
L’objectif de ces sept voyages est donc d’illustrer comment l’être humain s’est adapté avec succès à toutes sortes d’habitats, en se nourrissant de ce que notre planète lui offre. Un ouvrage qui nous fait réfléchir à nouveau et renforce notre envie de manger différemment, de mieux comprendre l’origine du « manger local et de saison ».
Félicitations à l’équipe, Matthieu Paley, 180°C, Thermostat 6 et National Geographic.
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