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Chaque année depuis 10 ans, les équipes de Lafuma parcourent la Mer de Glace à Chamonix pour en extraire les déchets. En septembre 2017, notre équipe s’est jointe aux 200 bénévoles faisant partie de l’expédition, pour prêter main forte, prendre quelques photos et réaliser un film sur l’opération, en partenariat avec Lafuma.
Lorsque l’on sort du célèbre train rouge qui nous emporte au bord de la Mer de Glace, on est immédiatement saisis par la vue. Une vue plongeante et dégagée, comme on en trouve qu’en haute montagne. Pourtant, il faut du temps avant de fouler la glace qu’on est venus chercher : depuis longtemps déjà, le glacier recule et diminue en volume. Les panneaux encastrés dans la roche sont là pour le rappeler aux visiteurs : 1985, 1990, 2000… Plus les années passent et plus le nombre de marches à descendre pour rejoindre le glacier est important.
Ce n’est pas anodin de venir ici. La Mer de Glace est un symbole fort de l’environnement alpin. Chaque année près de 1 million de personnes montent à bord du train du Montenvers pour venir le contempler. Aux touristes français et étrangers se mêlent une foule de sportifs : grimpeurs, skieurs, alpinistes… Il faut dire que le glacier de 40 km2 est un terrain de jeu infini. L’été, on le remonte à pied pour accéder aux refuges du massif du Mont Blanc. L’hiver, les skieurs qui partent de l’aiguille du Midi l’empruntent pour rejoindre la vallée.
Au rang des mauvaises nouvelles, un autre phénomène interpelle. Parmi les nombreux alpinistes ayant arpenté la région, ils sont nombreux à avoir abandonné des déchets en tout genre. Année après année, des objets d’une autre époque remontent à la surface, entrainés par les mouvements du glacier.
Pour répondre à cette situation, Lafuma organise chaque année l’opération « Montagne Responsable » qui rassemble salariés et acteurs locaux autour du nettoyage de la Mer de Glace. En 9 ans, c’est plus de 15 tonnes de déchets qui ont déjà été collectés.
Très vite, les 200 participants rassemblés au sommet s’éparpillent, et les petites silhouettes que l’on aperçoit au loin donnent la mesure de ce site gigantesque. De part et d’autre, les sommets enneigés qui surplombent le site font résonner les bruits environnants. Celui qui vient ici chercher le silence fait fausse route : le glacier craque, les rivières souterraines grondent, et le vent siffle en s’engouffrant dans ce couloir naturel.
Le premier contact avec la Mer de Glace n’est pas tout à fait celui auquel on s’attend. La partie basse du glacier est recouverte par les éboulements de cailloux et de rochers, et il faut encore progresser un long moment en direction du sommet pour atteindre la glace. Enfin, nous y sommes : la glace brute, celle qui éblouit et vous force à plisser les yeux. On s’arrête pour fixer les crampons sur nos chaussures avant de repartir aussi vite. Malgré le matériel volumineux et le dénivelé, toute la troupe est portée par l’enthousiasme de la découverte. Derrière chaque virage, chaque bosse, c’est un nouveau paysage qui s’étend.
La journée défile sans que l’on s’en aperçoive, et il est déjà l’heure du déjeuner. Au fait, qui a pris les piques-niques ? Personne, vraiment ? De toute façon on n’avait pas vraiment faim, et on aura plus de temps pour les photos.
Explorer le glacier, c’est aussi l’occasion de rencontrer de vrais passionnés, les guides de haute montagne. Amoureux de leur environnement, ce sont des experts qui connaissent chaque arrête sur le bout des doigts et pourraient rejoindre chaque sommet les yeux fermés (s’ils ne devaient pas se préoccuper de la sécurité de ceux qu’ils accompagnent).
Cette 10ème édition de l’opération Montagne Responsable a une saveur particulière, soulignée par un soleil rayonnant qui ne nous aura pas quitté. En effet, on mesure le chemin parcouru en constatant que les déchets se font désormais beaucoup plus rares qu’auparavant. Un changement dans les comportements des alpinistes, certainement, mais aussi un travail efficace des équipes qui se relaient tous les ans sur le glacier.
Crédits :
Photos : Virginie Chabrol et Fabien Voileau
Réalisation : Nathan Cahen
Sound sesign : Timothé Bost
Images drone : Fabien Voileau
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