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Au bout du monde, la Nouvelle-Zélande est une destination exceptionnelle pour les amoureux des grands espaces. Des plages paradisiaques, des landes infinies, des sommets enneigés… Le plus difficile est peut-être de choisir !
C’est vers l’île du Sud que Sébastien Mas s’est tourné, réputée pour ses montagnes, ses lacs et ses glaciers. De ses quinze jours de bivouacs et 150 kilomètres de marche au coeur d’une nature préservée, il nous raconte trois ascensions : le Mont Luxmore sur la Kepler Track, Avalanche Peak dans le mythique parc national d’Arthur’s Pass, et l’incontournable Roys Peak.
Ça y est, je viens d’atterrir à Christchurch. Le voyage a été long et j’ai les jambes engourdies, mais je me réjouis déjà de l’été retrouvé ici dans l’hémisphère sud. Pour ces deux semaines et demie d’aventure, Clément sera mon acolyte. D’autres amis, pourtant prêts à passer seize nuits sous tente eux aussi, n’ont finalement pas pu se libérer pour ce voyage.
La Nouvelle-Zélande se définit souvent comme le paradis du road-trip en van. Nous avons opté pour la tente exclusivement. C’est ma façon de voyager depuis quelques années maintenant. Là où le van impose des nuits le long de la route dans des endroits aménagés, le bivouac permet de repousser les limites de la liberté. La Nouvelle-Zélande reste un pays très protégé mais il est toujours possible d’y poser sa tente assez librement. Du moment qu’on respecte les lieux, bien évidemment.
La Nouvelle-Zélande a créé les Great Walks dans les années 1990. Il s’agit d’une sélection de neuf randonnées dans des cadres mémorables qui empruntent bien souvent des chemins mythiques et traversent des paysages spectaculaires. Elles sont reconnues pour les paysages spectaculaires traversés.
Nous traversons la rivière Waiau et nous élançons sur le Kepler Track en début d’après-midi. Le plan est de réaliser la boucle complète d’une soixantaine de kilomètre en deux jours et demi. Les premiers kilomètres traversent la forêt sur un sentier plat le long de la rivière. Nous avalons les kilomètres pour rallier le premier camp avant la fin de l’après-midi. Cette première partie de chemin permet de se mettre en jambe et de prendre ses repères avec tout le matériel. Demain l’étape sera longue, autant se reposer ce soir. Quel bonheur de bivouaquer au bord du Lake Te Anau. L’endroit est totalement préservé, idéal pour passer la nuit. Mais il faut composer avec les sandflies, ces petites mouches qui pullulent au bord des cours d’eau et qui se font une joie de vous piquer !
Le lendemain matin, mauvaise surprise. En allant nous ravitailler en eau, nous nous apercevons que le réservoir est à sec. Il nous reste moins d’un demi litre pour deux et le prochain point d’eau potable est à dix kilomètres, dont 1000 mètres de dénivelé. Clément, serein, se contentera de ce qu’il reste. D’un naturel moins confiant, je décide de faire mes réserves avec l’eau du lac. Je la fais tout de même bouillir, histoire de ne pas prendre de risque… Mais en règle générale, l’eau est très pure en Nouvelle-Zélande et il nous arrivera de remplir nos gourdes directement dans les rivières.
Nous atteignons le refuge de Luxmore en début d’après-midi pour le déjeuner. Le temps, clément jusqu’à présent, commence à se couvrir. Nous ne sommes pas très haut (1450 mètres) mais le froid s’installe. Nous croisons des randonneurs qui viennent de passer six heures dans la purée de pois. Nous sommes prévenus. Notre projet d’atteindre le sommet du mont Luxmore va rapidement être compromis. Plus nous avançons, plus le brouillard s’épaissit. Bientôt nous ne voyons plus à dix mètres devant nous. Heureusement, le chemin reste visible. Depuis le sommet, il parait que la vue est superbe. Dommage ! Ce sont les aléas de la montagne.
Nous redescendons en fin d’après-midi vers Iris Burn. La journée a été longue et nous sommes contents de préparer le campement. Pendant la nuit, je me réveille en sursaut. Clément est en train de taper sur la tente. Je n’avais pas entendu, mais des Kéas (une espèce de perroquet des montagnes) ont entouré la tente et s’agitent autour de nous. Le lendemain nous nous rendons compte qu’ils ont sectionné la moitié des tendeurs… Coriace ces oiseaux !
Sur le chemin pour nous rendre à Queenstown, nous passons par le parc naturel d’Arthur’s Pass. Nous nous sommes renseignés sur les sommets aux alentours et la promesse d’un magnifique panorama depuis Avalanche Peak (1 833 mètres) nous décide. Nous entamons donc la montée qui s’apparente à de l’escalade en plusieurs endroits. Le chemin ne fait que trois kilomètres, mais avec un dénivelé de 1100 mètres ! Les arbres permettent de trouver des prises simples pour se hisser plus facilement, avec tout le matériel sur le dos.
Après deux heures environ, nous sommes presque au sommet. Nous décidons d’installer le camp dans un des seuls endroits à peu près plats, à environ vingt minutes de marche du point culminant. Après un rapide diner, en compagnie des Kéas, nous filons au sommet pour le coucher du soleil. Tout simplement magnifique.
Nous sommes absolument seuls, le ciel ne cesse de changer de couleur, le spectacle est grandiose.
Au crépuscule, nous profitons des dernières lueurs du jour pour regagner la tente. La promesse d’un lever de soleil tout aussi spectaculaire me ravit. Croisons les doigts pour ne pas avoir de brouillards matinaux.
Cinq heures, le réveil sonne. Impatient, j’ouvre l’auvent pour vérifier que la vue est dégagée. Je garde le souvenir du brouillard de Kepler Track… mais on ne peut pas perdre à tous les coups ! Nous sommes au-dessus des nuages, c’est splendide. Nous plions rapidement le camp afin d’arriver au sommet avant le lever du soleil. Le spectacle est encore une fois magique. Du coup, on décide de prendre un petit déjeuner panoramique. Le café a une saveur toute particulière face à une telle vue.
Après un court arrêt à Wanaka, nous décidons de passer la nuit sur un des sommets iconiques de Nouvelle-Zélande. Nous entamons l’ascension vers Roys Peak (1 578 mètres). Cela fait un peu plus d’une semaine que nous sommes sur l’île du Sud. Avec déjà 100 kilomètres dans les jambes, la montée avec les sacs chargés me semble plus longue que d’habitude. Il me faudra plus de temps que prévu pour grimper les 1 400 mètres de dénivelé vers notre campement. Clément, lui, avance à grand pas.
Encore une fois, nous sommes seuls lors de l’ascension. Peut-être parce que nous avons commencé à monter vers 18h, sous la pluie. Nous avons pris le parti de prendre la route en fin de journée, à contre-courant des randonneurs habituels. En réalité, nous ne sommes pas vraiment seuls : une foule d’animaux nous accompagne sur la montée. Des moutons évidemment, mais également des lapins, faisans, oiseaux… Ils font tous leur sortie, maintenant que la pluie a cessé. Lors de la montée, les paysages sont indescriptibles. Avec la météo qui change, les nuages jouent autour du lac Wanaka, en contrebas. Non loin du sommet, nous trouvons un endroit plat pour planter la tente.
Un épais brouillard nous enveloppe. Le silence règne.
Cette impression de solitude est bien vite effacée quand, vers 4h30 du matin, nous entendons des randonneurs passer à côté de notre bivouac. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu l’idée d’observer les premières lueurs du jour à ce point culminant ! Mais cela n’enlève rien au spectacle du lever de soleil sur les montagnes et lacs aux alentours.
Et notre voyage est loin d’être terminé…
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