Si on vous dit « Berry »… Sauriez-vous poser votre doigt au bon endroit sur une carte de France ? Avez-vous même une vague idée d’où se situe cette province ? De notre côté, il faut bien avouer qu’on aurait eu du mal à répondre à cet exercice il y a encore quelques jours.
On avait débuté 2019 sur une bonne note, à la recherche d’une cabane perdue dans la nuit sur les hauts plateaux du Vercors. Après avoir traversé la France en long et en large pendant douze mois, on souhaitait clôturer l’année en beauté, en découvrant un nouveau territoire.
On a donc pris la direction du Berry, pour une bonne session de pêche. On vous en ramène un petit guide de la pêche à la mouche pour débuter cet art noble, en collaboration avec Berry Province.
Bonne pêche !
Quand je pense à la pêche à la mouche. J’imagine souvent une vallée dorée de l’Ouest américain, quelques potes, un feu de camp et des hamacs tendus entre deux arbres qui bordent une rivière où les truites s’ébattent.
La faute aux documentaires, sûrement. Ceux que regardait mon grand-père sur Chasse et Pêche quand j’étais gamin. Je regardais avec lui ces lignes de soie immenses se déroulant dans le ciel avant de se déposer délicatement à la surface de l’eau… La faute à John Gierach, peut-être. Lui qui publiait dans son mythique Traité du zen et de l’art de la pêche à la mouche ses meilleures histoires, moments de franches camaraderies sur le bivouac ou apologie de cannes en bambou et épuisettes aux mailles extensibles. La faute, aussi, à un reportage publié dans notre neuvième volume papier. Dans ce reportage, Elias Carlson prenait le volant d’une vieille Buick poussiéreuse à la recherche d’une rivière émeraude de la Sierra Nevada.
Si je dis « la faute à », ce n’est pas par hasard. Car hélas, cet imaginaire peut-être réel de l’autre côté de l’Atlantique semble bien éloigné de mon quotidien aujourd’hui, à mon grand regret.
Heureusement, une fois encore, la France répond présente. Vous connaissez la rengaine : « pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour vivre une véritable aventure. ». On va peut-être se lasser de l’écrire, mais c’est pourtant vrai. Et la pêche à la mouche ne fait pas figure d’exception. L’Hexagone propose de belles destinations pour enfiler ses cuissardes et mettre les pieds dans l’eau à la rencontre de jolis poissons.
Piètre pêcheur, avec seulement quelques sessions à mon actif. J’ai choisi d’aller du côté du Berry, destination de choix pour pratiquer. Accompagné de Daniel, un guide moniteur, histoire de reprendre les bases, de travailler mon lancer et d’être certain de trouver les meilleurs spots. J’ai aussi appelé Charly pour patauger à mes côtés dans les rivières berrichonnes et rapporter les photos de ce guide de la pêche à la mouche. Un guide qui vous permettra de partir à votre tour, taquiner la truite.
Située en plein coeur de la France, le Berry se compose des départements de l’Indre et du Cher. À deux heures au sud de Paris — plutôt trois, dans notre cas —, cette ancienne province française est chargée d’histoire. Le château de Valençay, Bourges, la route de Jacques Coeur, le domaine de George Sand ou encore Sancerre en sont les fleurons. Des rives de la Loire aux étang du Parc naturel régional de la Brenne, le Berry abrite des coins de nature préservée, à la fois douce et sauvage. Un lieu où profiter en toute intimité de ses vertus salvatrices.
Nous sommes partis du côté de l’Indre, qui forme la partie occidentale du Berry. Ce lieu où se mêlent des paysages variés, faits de plaines céréalières en Champagne berrichonne, de bocages verdoyants dans la Châtres est aussi appelé Pays de George Sand. L’écrivaine surnommait quant à elle cette region la « Petite Suisse ». On y retrouve également des milliers d’étangs en Brenne, des vignobles A.O.P à Reuilly et Valençay ou encore de vastes massifs forestiers. Enfin, au fond des vallées paisibles s’écoulent librement l’Indre, l’Anglin ou la Creuse.
« C’est le paradis et le chaos qu’on trouve tour à tour, une suite ininterrompue de tableaux adorables ou grandioses changeant d’aspect à chaque pas. » George Sand
Ce n’est donc pas un hasard, si ces paysages authentiques attiraient hier les impressionnistes. Aujourd’hui, ils retiennent encore bon nombre d’artistes venus chercher inspiration et tranquillité. Car vous l’aurez compris. Loin des regards, le Berry offre un terrain de jeu de choix pour se ressourcer en pleine nature. De plus, il permet de pratiquer des activités comme la randonnée, le VTT ou la pêche à la mouche, qui nous attire ce jour.
Et si ce guide de la pêche à la mouche est rédigé dans cette région. C’est avant tout parce que le Berry forme l’un des bastions du réseau national piscicole et halieutique français. Et pour cause : l’eau est partout ! Surtout en Brenne, dont le Parc naturel régional couvre l’une des plus importantes zones humides continentales de France. On y trouve une grande diversité de lieux de pêche, des ruisseaux aux étangs en passant par les lacs et les rivières comme la Vienne, l’Indre ou la Creuse pour ne citer qu’elles. Dans ces eaux cohabitent autant d’espèces de poissons : truites, sandres, brochets, perches, black-bass, carpes, tanches, poissons blancs, silures…
Nombreux sont donc les amateurs de pêche à venir se frotter aux rivières poissonneuses et bordées de forêt du Berry. C’est d’ailleurs à Châteauroux, capitale berrichonne, qu’a lieu l’un des plus grands rassemblement halieutique de France.
De notre côté, c’est vers Gargilesse-Dampierre que l’on s’est dirigés. Depuis Paris, il vous faudra 3 bonnes heures de route. La voiture est loin d’être notre moyen de transport préféré, mais elle est vivement recommandée pour se perdre dans les coins les plus reculés et transporter tout son matériel de pêche.
Situé en plein coeur de la France, le Berry se trouve à distances relativement égales des quatre coins du pays. Comptez 3h30 depuis Bordeaux, 4h30 de Lille ou Montpellier.
Vous pouvez aussi vous rendre en train jusqu’à Châteauroux et louer une voiture sur place. Comptez 2 heures depuis Paris (direct), 4 heures pour Lille, 4h30 pour Bordeaux et Strasbourg.
Le meilleur moment pour profiter du Berry est l’été. Il fait beau, les petits villages sont ouverts et plein de vie. Notamment Gargilesse-Dampierre, connu pour être le lieu qui accueille l’une des maisons de George Sand. On peut se baigner dans la rivière, la pêche y est plus agréable et promet de bon moments les pieds dans l’herbe, sur les berges. L’automne offre aussi son lot d’avantages. Il fait certes plus frais et la pluie souvent inévitable — on en aura fait les frais —, mais vous pourrez profiter des couleurs de feuillages et, peut-être, assister au brame du cerf ou à la venue des oiseaux migrateurs.
Concernant la pêche à la mouche en particulier, la fin du printemps est propice à de belles rencontres lorsqu’éclosent les mouches de mai, dont les truites raffolent. Les poissons sont moins difficiles à cette période. L’été est aussi la saison idéale. Sortez tard le soir ou tôt le matin par de belles journées sans vent, et de préférence un ciel bien chargé voire une petite pluie fine. Ce sera parfait.
La pêche à la mouche est un art ancestral. Dans les grandes lignes, la pratique consiste à envoyer une mouche artificielle à un point précis de la rivière, pour y dénicher différentes sortes de poisson. Sa première description connue remonte au IIe siècle. Le romain Claudius Aelanius décrit les cannes à pêche de deux mètres, avec un fil long tout aussi long, des pêcheurs macédoniens. Ils fabriquaient les mouches artificielles en se servant de fil de laine rouge, d’ailes d’insectes et plumes de coq, le tout savamment mêlé pour leurrer des « poissons tachetés » (probablement des truites fario).
Depuis, la pêche à la mouche s’est développée. Elle est souvent considérée comme la plus belle forme de pêche voire, pour certains, la seule digne d’être pratiquée. On l’appelle même le “noble art”, parfois. La raison ? Toute l’action de pêche, du posé jusqu’à la prise, est visible. Le pêcheur constate immédiatement si son lancé est correct ou non, si la mouche est bien présentée ou non.
La pêche à la mouche se pratique en eau douce — c’est celle qui nous intéresse ici — ou en mer, depuis des bateaux de pêche.
La mouche est un leurre artificiel confectionné à partir de poils, plumes et autres fibres et matières synthétiques aux formes et couleurs très diverses. Le but de cette démarche étant d’imiter le mieux possible la nourriture favorite du poisson convoité. Beaucoup de données entrent en compte dans sa confection. En effet, elle nécessite une fine expertise en entomologie, un grand sens de l’observation et de l’expérience. Sachez, par exemple, que la plume de canard donnera plus de vie à la mouche. Tandis que le poil de cervidé lui offrira une meilleure flottaison… Tout un art !
Les mouches se décomposent en différentes catégories selon ce qu’elles tentent d’imiter :
Les mouches se divisent également en deux sous-catégories. Les mouches exactes, qui cherchent à imiter fidèlement les insectes. Ainsi que les mouches d’ensemble, qui n’imitent pas un insecte en particulier mais plaisent aux poissons de manière générale.
La pêche à la mouche en Europe a du mal à se départir d’une image de pêche compliquée et chère, voire snob. Cet aspect élitiste disparaît peu à peu, grâce à la baisse du prix du matériel et à l’augmentation du nombre de pratiquants, de toute origine sociale désormais. Voici ce dont vous aurez besoin pour une bonne session :
Côté canne, vous en aurez pour 150€ en moyenne chez des revendeurs classiques et environ 100€ de plus pour tout le reste du matériel. Pour débuter, le mieux est de prendre les conseils d’un guide qui, en plus, aura tout le matériel à vous prêter. Comptez environ 80€ pour une demie-journée en compagnie d’un guide.
Tout d’abord, il faut apprendre à lire l’eau. Certes, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Mais avant de vous jeter à l’eau, il est important de passer du temps au bord, à observer le comportement des poissons, les types d’insectes présents, les différents courants… Imprégnez-vous au maximum de l’environnement.
On pêche en remontant la rivière (de l’aval vers l’amont). La réussite de la manoeuvre repose en grande partie sur le geste du lancer. Il doit partir d’un mouvement du coude, comme lorsqu’on scie du bois, et l’orientation de la canne doit rester la même le temps du geste. S’il est difficile d’expliquer le geste à l’écrit, un bon guide vous accompagnera dans votre pratique. Lors d’un lancer « parfait » on verra la soie et le bas de ligne se poser de façon rectiligne et la mouche tomber la première, avant le bas de ligne.
Pour acquérir cette fameuse technique, rien de mieux que d’observer et parler à des moucheurs. Ils sauront vous conseiller et vous apprendre le bon geste. Demandez aux vieux pêcheurs du coin quels sont les bons spots, les bonnes mouches… Bien des guides vous diront, non sans ironie, qu’à raison de « trois heures de pratique par jour, on peut devenir un bon lanceur en seulement 10 ans ! » Soyez patients, mais rassurez-vous. Une bonne heure d’entraînement vous permettra déjà d’acquérir les bases suffisantes pour vous amuser.
De notre côté, nous étions accompagnés du guide Daniel Souchet. Fin connaisseur des rivières berrichonnes, il a attrapé le « virus » de la pêche en no-kill, selon ses propres mot, il y a près de 20 ans. Quand il ne pêche pas, Daniel passe des heures sur son étau à confectionner des mouches et propose même des ateliers. N’hésitez pas à le contacter, vous passerez un super moment à ses côtés !
Les moucheurs se réclament d’une pratique de pêche sportive, tant par l’aspect physique qu’elle nécessite, que par l’état d’esprit particulier qu’elle véhicule. La graciation ou « no-kill » en est une des manifestations. S’il s’agissait au départ de remettre à l’eau les poissons jugés — légalement ou non — trop petits, de plus en plus de moucheurs libèrent systématiquement leurs prises (on parle aussi de « catch-and-release ») quelle que soit leur taille. Ils respectent et considèrent le poisson comme un partenaire de jeu, effaçant l’aspect alimentaire traditionnellement lié à la pratique. Le véritable défi ? Être plus malin que le poisson aujourd’hui !
Afin d’éviter de blesser inutilement le poisson. Les pratiquants du no-kill écrasent les ardillons des hameçons. Privilégiant ainsi, les hameçons simples aux hameçons doubles ou triples. Le poisson est manipulé avec précautions et capturé le plus rapidement possible afin qu’il ne soit pas épuisé lors de sa remise à l’eau. Il est d’ailleurs hautement préférable de ne pas sortir le poisson de l’eau et d’utiliser une épuisette. Il reste bien sûr difficile de prétendre que la pêche à la mouche n’a aucun impact sur le poisson. Même si, le pêcheur prend bien garde de stresser l’animal le moins possible. mais c’est aujourd’hui la méthode de pêche la plus respectueuse.
Des parcours de pêche en no-kill voient le jour un peu partout aux États-Unis et en Europe pour permettre aux moucheurs de pratiquer leur passion dans de bonnes conditions.
La pêche fait l’objet d’une solide réglementation afin de préserver les milieux aquatiques et protéger le patrimoine piscicole : permettre au poisson de naître, grandir, vivre jusqu’à sa première reproduction et lui garantir les conditions environnementales optimales.
Pour pêcher en eau douce, toute personne doit remplir ces 3 conditions :
Pour réunir ces trois conditions. Il suffit de posséder une carte de pêche (annuelle, journalière ou hebdomadaire) valable sur le secteur. Vous pourrez l’acheter directement en ligne ou dans un des offices et bureaux de tourisme dépositaires. Dans l’Indre, ils se trouvent à Aigurande, Châteauroux, Chatillon, Éguzon-Chantôme, Issoudun, La Châtre, Mézières-en-Brenne, Saint-Gaultier, Valençay ou Vatan.
La carte de pêche contribue au financement d’actions de surveillance et de protection des espèces et écosystèmes aquatiques menées par l’ensemble du réseau associatif de la pêche de loisir.
La Loi Pêche réglemente les dates d’ouverture de chaque espèce et catégorie, les tailles de capture et les réserves. Vous trouverez toutes les informations sur les sites des Fédérations Nationale de la Pêche en France, de l’Indre et du Cher. Ces sites publient chaque année des « Dépliants Pêche » locaux, regroupant un maximum d’informations.
En cherchant votre prochain spot de pêche. Vous verrez toujours précisé la catégorie du cours d’eau, 1 ou 2, selon le type de poisson dominant :
Si le Berry est une terre de choix pour la pêche à la mouche, cet écrin de nature préservée en plein coeur de la France offre bien d’autres possibilités d’activités.
Le Berry compte des milliers de kilomètres de sentiers balisés. Après une bonne journée de pêche. On est partis se dégourdir les jambes sur le GR de Pays Val de Creuse, depuis le rocher de la Fileuse. Le site, au confluent de la Creuse et de la Sédelle, forme un éperon rocheux sur lequel subsistent les vestiges d’une des plus puissantes forteresses féodales. En passant par le hameau du Montet, vous accédez au plus beau des points de vue sur la vallée de la Creuse.
Un patchwork de landes, de bois, de roselières, de prairies, et des centaines d’étangs à perte de vue… La Brenne offre refuge à des centaines d’espèces animales, cerfs, chevreuils, loutres, chauve-souris, ragondins, tortues et surtout oiseaux. Ces milliers d’individus viennent passer l’hiver dans la Brenne, située sur un important couloir de migration, dont des colonies de grues cendrés, plus grand oiseaux d’Europe occidentale.
Avec ses 1000 kilomètres de long, dont 700 « facilement » navigables, la réputation de la Loire en matière de canoë n’est plus à faire ! Un canoë, des chevreuils curieux, des milliers d’oiseaux, un tipi au bord de l’eau et de belles histoires au coin du feu… Partir en canotage sur plusieurs jours, c’est une opportunité unique de communier avec la nature.
Photos : Charly Derouet
En partenariat avec
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Berry Province est une marque partagée, co-propriété des Départements de l’Indre, du Cher et de la Région Centre-Val de Loire. Au travers des actions déployées par les Agences de Développement Touristiques (ADTI à Châteauroux et Ad2T à Bourges), elle favorise le développement du tourisme.
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