Le voyage en France est devenu en quelques années le nouvel eldorado d’une population en quête de simplicité, de nature et de grands espaces. Un phénomène qui oblige à repenser notre manière de voyager et soulève beaucoup de questions. Dont la principale : comment partir à l’aventure en France sans nuire à l’environnement ? Voici un bref état des lieux et une proposition de réponse : notre nouveau projet Recto Verso.
Exit les escapades dans les capitales européennes à portée d’avion low-cost. Le voyage et l’aventure en France est devenu en quelques années le nouvel eldorado d’une population en quête de simplicité, de nature et de grands espaces.
En 2021, près de 9 séjours sur 10 se sont déroulés en France et 93% des Français ont réalisé des activités en plein air à la journée à proximité de leur domicile (Étude ADN Tourisme 2021). Ces chiffres, bien qu’amplifiés par les mesures sanitaires liées au COVID19, ressemblent à des bonnes nouvelles. Pour le climat, l’économie française, le bien-être de la population…
Mais la tendance s’accélère. Les destinations s’affichent sur les murs du métro, les géants du prêt-à-porter sortent leurs collections outdoor et les dernières pubs Google nous donnent des conseils pour dormir à la belle étoile… De quoi entraîner la sur-fréquentation d’un petit nombre de destinations phares. Au détriment des espaces naturels, ainsi que la faune et la flore qui les habitent.
Parapentistes sur le Mont Blanc le 26 juin 2019, extrait d’une vidéo de David Richier
L’été, le Tour du mont Blanc et le GR20 se transforment en autoroute. Tandis que les déchets s’empilent aux alentours d’Annecy. La Venise des Alpes est victime de sa première place au top 10 des villes françaises les plus agréables à vivre. En montagne, gardiennes et gardiens ne comptent plus les histoires de randonneurs en tongs à 2000 mètres d’altitude. De marcheurs qui se déplacent en groupe de 30, d’encadreurs non diplômés, de feux de camp et de «barbecue, saucisses, musique»…
Les voyageurs plus avertis, en quête d’expériences vécues hors des « sentiers battus » ou de la fameuse « zone de confort », sont eux aussi de plus en plus nombreux. Malgré les bonnes intentions de départ, les dernières tendances de voyage — slow-travel et micro-aventure en tête — pourraient leur donner de mauvaises habitudes. Débarquer sur les Hauts Plateaux du Vercors pour voir un loup à tout prix. S’acheter le matériel dernier cri pour « faire le mont Blanc » en guise de première ascension. Chercher à dormir dans une cabane à 100 000 likes sur Instagram. On commence par rêver de se reconnecter à la nature, et on transforme ses week-ends en to-do list du meilleur panorama, du meilleur spot de bivouac, de la meilleure paire de chaussures de rando… Le voyage dans la nature devenu nouvel objet de consommation.
En 2012, on lançait Les Others. À une époque où l’outdoor souffrait d’une image poussiéreuse. On voulait donner envie aux gens de passer plus de temps dans la nature. Presque dix ans plus tard, nous voici devant un défi de taille. Comment continuer à découvrir la France sans nuire à l’environnement ?
La réponse sera collective ou ne sera pas. Il faut sortir du modèle « clé en main » pour (re)trouver le goût de la véritable aventure. Il faut réhabiliter le véritable voyage. Celui de la découverte, de la patience et de la déambulation. De l’incertitude et de la contemplation. Maintenant que nous savons qu’il n’est plus nécessaire de partir loin. Qu’il n’est plus nécessaire de partir longtemps. Faisons un pas de plus. Apprenons à nous laisser porter par le rythme de la nature.
Empruntons notre propre chemin. Avec la bonne méthode, c’est bien plus simple qu’il n’y paraît. Apprenons à lire une carte, à tracer notre propre itinéraire, à monter un bivouac, à se contenter du matériel nécessaire et à ne laisser aucune trace derrière nous. Et transposons à la France la célèbre formule de Joseph Kessel « Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues…».
Voici la raison d’être de notre dernier projet, Recto Verso. Un outil pédagogique pour permettre à chacun de découvrir la France en traçant le chemin de sa propre aventure. Pour la rando, et le vélo.
Recto Verso, c’est une carte papier grand format décomposée en deux volets :
L’écosystème est complété par 100 fiches topos recommandées par la communauté, pour mettre le pied à l’étrier. Enfin, une plateforme en ligne dédiée, pour échanger des conseils, du matériel ou permettre les rencontres entre pratiquants.
En proposant un nombre infini d’aventures, Recto Verso répartit les voyageurs sur l’ensemble du territoire et désengorge les espaces. Recto Verso propose aussi des ressources indispensables pour minimiser son impact sur l’environnement (la règle des 100 km, la réglementation du bivouac en France, le guide de savoir vivre en refuge…).
Lancée il y a quelques jours sur la plateforme de financement participatif KissKissBankBank. La méthode Recto Verso a déjà séduit plus de 4 500 personnes et, on espère davantage dans les semaines à venir.
Notre volonté : créer une nouvelle méthode accessible, responsable et de référence. Un nouveau point de départ pour l’aventure en France. Pour aider les enthousiastes à sauter le pas simplement. Les amateurs à approfondir leur pratique et les plus aguerris à écrire de nouvelles histoires, loin des foules.
Parce qu’on est convaincus que passer plus de temps dans la nature permet de se reconnecter au temps, au vivant, à soi-même et aux autres. Mais aussi et plus simplement, parce que c’est là qu’on passe les meilleurs moments, entre potes, au milieu de nulle part, parfois sous la pluie, parfois à la belle étoile, parfois complètement paumés, souvent épuisés, mais toujours heureux d’être là. Et qu’on veut que ça continue.
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