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Le “mont Blanc des Dames”. Derrière ce surnom se cache le mont Buet, l’un des rares endroits où l’on peut dépasser les trois mille mètres sans trop de difficulté et profiter de panoramas parmi les plus beaux des Alpes. Alors que la saison touchait à sa fin, nous sommes donc parties faire l’ascension de ce sommet mythique, pour deux jours de randonnée en haute altitude bien sportive et une nuit en bivouac. Une expérience particulière, rendue possible par Osprey, et dont nous avons rapporté notre nouveau film, Marcher Devant.
On avait déjà entendu parler du mont Buet, surnommé “le mont Blanc des Dames”. Ce surnom n’est pourtant pas un compliment : en alpinisme, une “course pour dame” désigne généralement un sommet facile… Au-delà de ce cliché, c’est l’histoire qui se cache derrière qui nous intéressait : en août 1786, Jane, Mary et Elisabeth Parminter, ont gravi le mont Buet, signant par la même occasion la toute première ascension féminine connue dans les Alpes !
Mais pas de chance pour les trois Anglaises : au même moment, deux hommes, Jacques Balmat et Michel Paccard réussissaient de leur côté l’ascension du mont Blanc. Alors la réussite de ces femmes a vite été éclipsée… C’est ce que nous a raconté Christine Boymond Lasserre, guide-conférencière à Chamonix. Après avoir échangé avec elle, nous n’avions qu’une envie : partir sur les traces des soeurs Parminter.
Pour plusieurs d’entre nous, ce serait une première expérience en haute montagne et en condition quasi-hivernale. Mieux valait être bien entourées. C’est ainsi que nous avons avons rencontré Nathalie Hagenmuller, qui fut la quatrième femme devenue guide de haute montagne en France. C’était à la fin des années 1980, et on ne compte qu’une trentaine de femmes sur plus de 1 500 guides encore aujourd’hui. Notre équipe formée, la date arrêtée, nous étions prêtes à nous lancer.
Au sud-est de la Haute-Savoie, le mont Buet appartient au massif du Giffre, l’un des rares à permettre de randonner au-delà de 3 000 mètres d’altitude sans trop de difficulté. Culminant à 3 096 mètres, ce sommet a joué un rôle important dans la naissance de l’alpinisme et la conquête du mont Blanc.
Les premiers à en avoir fait l’ascension étaient les frères Deluc, savants genevois. Ils l’ont atteint par le versant du Sixt en septembre 1770 et furent alors les premiers à utiliser le baromètre pour mesurer une altitude. On considère leur aventure comme la première ascension en haute montagne dans les Alpes. La voie par Vallorcine et le Vallon Bérard a quant à elle été ouverte par Marc-Théodore Bourrit en 1775, venu jusqu’ici pour s’entraîner avant de s’attaquer au mont Blanc aux côtés de Michel Paccard. C’est ce second itinéraire que nous avons emprunté.
Si l’ascension ne présente pas de difficulté technique majeure – à part quelque passages de gros blocs périlleux, un sentier peu indiqué une fois passé le refuge, des névés et plaques de neige dure au sommet pratiquement toute l’année – on parle de cet itinéraire comme une “bavante” dans la région, parce que c’est long, et il vous faudra contacter un ou une guide pour assurer votre sécurité lors des mois enneigés.
On rejoint la gare du Buet, point de départ de l’aventure, vers 14h00. Après quelques lacets dans la forêt, on s’arrête à la cascade de Bérard et à la grotte de Farinet, “le Robin des Bois de Haute-Savoie”. On remonte le vallon de la Pierre à Bérard sur quelques kilomètres et, enfin, il apparaît sur notre droite : le Buet. Un coucher de soleil exceptionnel enflamme les sommets, suivi d’un lever de lune tout aussi magique. Les tentes montées, on se réchauffe autour d’une soupe maison préparée par Nathalie et de fromages achetés à la coopérative fruitière de Chamonix. On profite de ce moment, on rigole et on discute jusqu’à ce que le froid nous pousse dans les duvets. Réveil : 5 heures.
Le nuit a été courte – sauf pour Nathalie, habituée à des températures bien plus basses. Quelques barres avalées et en route pour le sommet. L’ascension commence en douceur, le sentier est encore bien visible mais il faut rester concentrées pour escalader les blocs de pierre. La lumière du jour monte avec nous. On s’accorde une pause au col de Salenton (2 526 mètres). Devant nous, le Mont Blanc, les Aiguilles Rouges, les Fiz… L’un des plus beaux panoramas qu’on ait jamais vus, à l’unanimité. Il faut chausser les crampons. La glace et la neige sont de plus en plus importantes, et la pente est très raide. On n’en finit pas de monter. Les conversations se font plus rares. On s’encorde pour les dernières longueurs. Encore un – très long – effort, et nous voilà arrivées au sommet du Buet. Le temps de se féliciter, on entame la descente, retraçant notre chemin jusqu’à la gare du Buet.
Depuis les grandes villes, trajet en train vers Chamonix se fait généralement en deux à trois étapes, avec des changements à Annecy et à St Gervais-les-bains-le Fayet, où l’on embarque à bord des wagons rouge de la ligne TER Mont Blanc Express. Depuis Paris, comptez tout de même environ 7 heures de trajet.
L’accès est aussi aisé par l’Autoroute Blanche (A40). Mais attention : depuis l’entrée en vigueur de la loi montagne à l’automne 2021, il est désormais obligatoire pour tous les véhicules légers, utilitaires et camping-cars d’être équipés en pneus hiver (ou quatre saison) ou d’avoir dans son coffre des chaînes à neige entre le 1er novembre et 31 mars. Pensez-y !
Une fois à Chamonix, vous n’aurez plus qu’à rejoindre la gare du Buet, ce qui se fait en une dizaine de minutes en voiture ou une demi-heure en TER via la ligne Mont Blanc Express (un train toutes les heures). Attention pour le retour : le dernier train passe à 20h17 (à vérifier selon la période), soyez prévoyant, au risque de devoir écourter l’aventure…
Pour faire face à la sur-fréquentation et ses conséquences sur l’environnement, la ville de Chamonix favorise la mobilité douce et a mis en place une carte d’hôte qui permet la libre circulation en bus et en train entre Servoz et Vallorcine. Demandez-la à votre gîte ou hôtel, elle est gratuite. Si vous êtes logé gratuitement, elle peut aussi être retirée en mairie ou à l’office du tourisme pour 10 euros par personne et par semaine.
La période idéale pour une ascension du mont Buet se situe d’avril à octobre. Nous l’avons effectuée vers le 15 novembre, ce qui était déjà bien tard dans la saison – et l’époque la plus difficile pour trouver un guide, tous partis en vacances profiter de l’intersaison ! L’ascension était encore faisable cette année-là, mais ce n’est pas toujours le cas. Nous avons eu beaucoup de chance côté météo, avec des températures clémentes en journée, un grand soleil – donc bien chaud dans la montée mais bien froid la nuit – et pas encore trop de neige. Des crampons étaient cependant nécessaires pour atteindre le sommet.
Notez qu’il est possible de faire l’ascension du mont Buet en ski de randonnée. La période la plus propice est alors de février à début mai.
Nous avons choisi d’effectuer l’ascension sur deux jours et de bivouaquer près du refuge de la Pierre à Bérard. Le refuge était fermé en cette saison mais dispose d’une large plateforme devant l’entrée où l’on a pu poser quatre tentes. Construit sous un énorme bloc pour être protégé des avalanches, il est entièrement recouvert de neige l’hiver. Il est ouvert de juin à fin septembre et dispose d’une capacité de 40 places. Pensez à réserver.
Si vous restez dormir une nuit ou deux dans la vallée — ce que nous vous conseillons, notamment après l’aventure afin de ne pas être pressés par un train à attraper — nous vous recommandons chaudement le gîte de Francine, Le Chalet de Chamonix, idéalement situé et parfaitement équipé.
Afin d’effectuer l’ascension du mont Buet en plein mois de novembre, nous avions tout l’équipement nécessaire pour une randonnée hivernale avec une nuit en bivouac :
Nous avons eu la chance d’être soutenues par Osprey pour cette aventure. On a donc pu choisir les modèles qui nous convenaient le mieux selon nos gabarits et nos besoins pour une randonnée de deux jours avec une nuit en bivouac.
Nous avons opté pour le Sirrus en 44 litres, le Eja en 48 litres et le Aura AG en 50 litres. Bien que nous avions aussi le matériel DVA-pelle-sonde à porter, 40 litres suffisent très largement pour une randonnée de deux jours. D’autant plus que nous pouvions partager et répartir le matériel de bivouac. La marque propose des sacs spécialement conçus pour s’ajuster aux morphologies féminines, donc très confortables et dotés d’un système de suspension qui enveloppe parfaitement le dos et les hanches tout en gardant une aération pour garder le dos bien sec. Nous avons emporté une sacoche Transporter Waist, imperméable et bien pratique pour garder le téléphone portable, un micro ou une petite barre à portée de main.
En partenariat avec
Osprey
Marque de référence en matière de sac à dos de randonnée et de trekking, Osprey a été créée à Santa Cruz en Californie en 1974 par Mike Pfotenhauer. Leurs produits sont reconnus pour le confort de leurs systèmes de portage suspendu, et astucieusement pensés avec de nombreux accessoires. Osprey intègre des matériaux recyclés dans la conception de ses sacs à dos comme les modèles Atmos, Arcane et Archeon, et s’engage à réduire l’utilisation de revêtement à base de PFC.
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