L’hiver est arrivé et, avec lui, nos envies de vastes espaces enneigés. Notre grande Traversata de Chamonix à Milan en gravel cet été nous ayant donné le goût de l’itinérance, la Grande Traversée du Jura s’est rapidement imposée : après trois jours de randonnée réalisés sur cet itinéraire mythique l’an passé, on s’était promis de revenir en hiver dans ce coin de France surnommé “La Petite Sibérie”.
Ici, le sport local, c’est le ski de fond. Moins populaire que son pendant alpin, la pratique est pourtant en plein essor. Elle permet de se déplacer sur de grandes distances tout en profitant des sensations de glisse et du calme de la forêt ou de belles étendues dégagées, que seul le frémissement des skis sur la neige vient troubler.
On est donc partis découvrir un nouveau tronçon de la GTJ pour l’une de nos premières aventures de l’année, grâce au soutien de l’association des Grandes Traversées du Jura et de Montagnes du Jura. Découvrez ici notre guide complet, avec l’itinéraire détaillé et nos conseils pour vous lancer à votre tour.
Situées à cheval entre la France et la Suisse, les Montagnes du Jura forment un massif qui s’étend sur plus de 340 kilomètres dans les départements de l’Ain, du Doubs et du Jura. Territoires aux milles visages, elles peuvent se vanter d’abriter certains des espaces les plus sauvages de France. Avec leurs lacs de montagnes, leurs vallées secrètes et leurs crêtes escarpées, ces montagnes offrent des paysages préservées qui semblent parfois fixés hors du temps. Que ce soit à vélo, en randonnée ou à ski, cette destination est un terrain de jeu idéal pour partir à l’aventure en itinérance.
Tracée, à l’origine, pour relier les villages des Montagnes du Jura entre eux, la Grande Traversée du Jura serpente sur les hauteurs du massif, de Villers-le-Lac dans le Doubs à Giron dans l’Ain, en passant par le Mont d’Or et Chapelle-des-Bois, « La Mecque du ski de fond ».
S’autorisant quelques escapades helvétiques en chemin, les 180 kilomètres de pistes damées et balisées offrent un terrain de jeu sauvage et varié aux amateurs de ski de fond, qui les emportent des forêts de sapins jusqu’aux plus belles vues sur les crêtes jurassiennes. L’itinéraire complet se parcourt généralement en une semaine, avec des étapes de 20 à 30 kilomètres par jour.
Comme lors de notre randonnée estivale, nous avons choisi le train pour faire la Grande Traversée du Jura à ski de fond. C’est le moyen de transport idéal : l’arrivée se fait très facilement et l’itinéraire n’étant pas une boucle, il serait dommage de devoir revenir au point de départ pour récupérer son véhicule.
Depuis Paris, trois heures suffisent pour rejoindre Genève (10 trains par jour). Ensuite, une vingtaine de minutes suffisent pour arriver en gare de Nyon, avant de changer une dernière fois en direction de La Cure, notre point de départ. Partis vers 8h00 de Paris, nous étions sur les pistes en début d’après-midi !
Le retour est tout aussi simple : arrivés à Métabief, nous prenons un car pour Frasne (40 minutes) en fin de journée. Seulement 10 minutes d’attente et voilà déjà le TGV qui nous ramène directement à Paris en moins de trois heures. La Grande Traversée du Jura en ski de fond est ainsi facilement accessible pour une aventure en pleine nature, le temps d’un weekend ou plus.
De décembre à mars, lorsque l’enneigement est suffisant. Les conditions étant changeantes, nous vous conseillons de surveiller attentivement les conditions d’enneigement jusqu’au départ.
Il peut s’avérer compliqué de louer des skis de fond en dehors des stations, voire quasiment impossible dans les grandes villes. De notre côté, nous n’en avons pas trouvé à Paris (n’hésitez pas à nous faire part de vos bons plans pour la prochaine fois !) et sommes allés chez Ski Vandel, un magasin familial installé à Bois d’Amont. Quasiment centenaire, la marque Vandel est une petite institution franc-comtoise et le dernier fabricant de skis en France.
L’itinéraire que nous vous présentons ci-dessous est plus facilement réalisable en arrivant avec ses propres skis, dans la mesure où nous ne repassons pas par la case départ. Nous avons eu la chance de bénéficier de l’aide de la GTJ pour ramener notre équipement à bon port. N’hésitez pas à discuter avec les loueurs de matériel afin de trouver la meilleure solution.
Nous avons emporté le strict minimum pour ces trois jours sur la Grande Traversée du Jura à ski de fond. Au total, tout rentrait dans un sac de trail format 25 litres, ni trop lourd, ni trop encombrant. Si la liste du matériel à prévoir est assez classique, n’oubliez pas le minimum :
En plus de l’équipement classique de ski de fond, nous vous conseillons de mettre dans votre sac une micro-doudoune et une veste coupe vent. Les températures peuvent être très basses en « Petite Sibérie » ! En janvier 1968, le thermomètre était tombé à -36,7° C, du jamais vu en France métropolitaine. Une bonne couche isolante peut donc s’avérer nécessaire en début de journée et lors de pauses.
L’itinéraire de la GTJ est très bien indiqué grâce à ses balises oranges disposés à intervalles réguliers sur la piste. Néanmoins, avoir une carte globale du tracé, le topo guide voire un GPS (le tracé de la Grande Traversée du Jura à ski de fond à télécharger sur le site de la GTJ) est toujours utile.
Notre objectif était simple : réaliser une traversée sur trois jours avec les points de départ et d’arrivée accessibles en train. Nous avons donc opté pour un itinéraire d’environ 80 kilomètres entre La Cure et Métabief.
Cet itinéraire s’adresse à des skieurs intermédiaires. Les étapes ne sont pas trop longues (environ 30 kilomètres), mais le dénivelé est assez cassant (en particulier sur la dernière étape). La trace est accessible aux skieurs en skating, comme en alternatif. Notez que les distances et durées sont données à titre indicatif. En effet, le tracé de la GTJ peut légèrement évoluer selon l’enneigement. Par ailleurs, comme en course à pied, l’allure varie selon le niveau de chacun.
Pour les débutants souhaitant s’initier au ski de fond, ou pour ceux qui souhaitent simplement revenir au point de départ, il est tout à fait possible de prévoir des itinéraires en boucles à partir de la station des Rousses, de Bois d’Amont, de Chapelle des Bois ou de Métabief par exemple. Les loueurs sont sur place et chaque station propose de nombreux circuits de différentes distances et pour tous niveaux.
Il est un peu plus de 13h00 lorsqu’on atteint la petite gare de La Cure, à côté du poste frontière franco-suisse. La neige nous attend. Le soleil brille encore mais les journées sont courtes en cette saison. On ne tarde pas à se mettre en route pour arriver avant la nuit.
“Vous êtes des bons skieurs, n’est-ce pas ? Parce que vous commencez par la montée la plus dure de la Transju !” Nous voilà mis au parfum en prenant les forfaits. Notre itinéraire démarre en effet sur les traces de la Trans-jurasienne, la plus célèbre course de ski nordique de France, qui voit des dizaines de coureurs s’élancer sur ses 80 kilomètres depuis 1979. On sait skier, mais on est moins entraînés que les Jurassiens pur jus… On ira à notre rythme.
Très vite, la fameuse montée se dresse devant nous et nous emmène dans la Forêt du Risoux, au cœur du massif. On se faufile entre les sapins enneigés. Le soleil descend, la lumière devient orangée, et on est quasiment les derniers sur les pistes. En peu de temps, l’air se rafraîchit. Il ne faut pas traîner.
On sort de la forêt juste à temps pour admirer le coucher du soleil illuminer toute la vallée. Le ciel dégagé est superbe, mais on sait qu’il annonce une nuit particulièrement froide. À peine le temps de finir la descente du massif qu’il fait déjà nuit. On sort les frontales. Il nous reste la moitié du chemin à parcourir.
Heureusement, les piquets oranges qui balisent la GTJ rayonnent dans la nuit et nous permettent de suivre l’itinéraire malgré l’obscurité. Pas toujours, cela dit : on manque une bifurcation, on va trop loin, on revient sur nos pas… Ce sera quelques kilomètres de plus au compteur, rien de grave.
On ne devrait plus être sur les pistes à cette heure. Le conducteur de la dameuse que l’on croise est surpris de nous trouver là. C’est l’occasion de vérifier notre chemin. “Bon, je devrais vous engueuler, parce que je viens de faire la piste, mais suivez ma trace jusqu’au bout, et vous y serez”. Il suffisait de demander !
On arrive à la Maison du Montagnon frigorifiés et bien plus tard que prévu, mais nos hôtes ont eu la gentillesse de nous garder de quoi dîner. On passe à table sans se faire prier pour un repas gargantuesque. Une belle entrée en matière.
Au réveil, un ciel parfaitement dégagé et une belle lumière rose-bleu semblent nous avertir des températures glaciales. “-18 ce matin !” confirme la patronne. Avant de reprendre les pistes, on fait un crochet par la fromagerie (on parle aussi de “fruitière” pour les fabricants de Comté) afin de s’offrir un petit supplément au pique-nique préparé par le gite.
L’itinéraire démarre dans la magnifique Combe des Cives. Qu’est-ce qu’une combe ? Une petite vallée creusée sur les hauteurs d’un massif. Un paysage typiquement jurassien. La vue se dégage, et surtout, on retrouve des chemins plats.
Pour un temps, seulement. Très vite, on remonte entre les sapins et il nous faut régulièrement nous arrêter pour reprendre notre souffle… en regardant passer les athlètes locaux, dont certains ont bien deux fois notre âge, grimper sans sourciller.
À mi-parcours, La Citadelle, une petite cabane ensoleillée, nous tend les bras. On sort le pique-nique avec envie, sachant que le plus dur est derrière nous. Après une telle montée, il n’y a plus qu’à redescendre en direction de Mouthe. L’occasion d’alléger le sac du Comté acheté ce matin.
On arrive plus vite que prévu Chez Liadet, charmant refuge familial installé au départ des pistes. Bonne nouvelle, il n’y a personne d’autre dans le dortoir ce soir. Après l’excellent dîner servi par le patron (saucisse de Morteau et röstis), on se couche sans attendre. Demain, l’étape la plus longue et la plus sportive nous attend, et on a prévu de démarrer très tôt pour arriver à bon port sans se presser.
Il est 6h00 pile lorsque nous fixons nos skis, au départ des pistes. Le temps est couvert, il fait donc moins froid que prévu : seulement quelques degrés en dessous de 0, on est loin des records locaux ! On redescend vers le village de Mouthe en s’éclairant à la frontale. Passée la source du Doubs, une longue montée nous attend. Les premiers rayons de soleil viennent joliment éclairer la brume, sans vraiment nous réchauffer.
À cette heure-là, on est seuls dans la forêt. Mais soudain, deux chevreuils traversent la piste juste devant nous. Puis deux biches quelques kilomètres plus loin ! La faune est nombreuse et variée sur la GTJ. Le randonneur chanceux (et discret) peut même croiser des lynx, dont le Jura abrite la principale population du pays.
Les kilomètres défilent tranquillement et nos jambes commencent à sentir les étapes précédentes. Les dernières bosses avant la ligne d’arrivée ne sont pas les plus faciles… On atteint Métabief à midi, fatigués mais déjà nostalgiques des paysages exceptionnels que l’on vient de traverser. La tentation est trop forte : on passe encore à la fromagerie avant de reprendre le chemin de Paris.
Les refuges et gîtes accessibles depuis les pistes ne sont pas légion sur l’itinéraire de la Grande Traversée du Jura à ski de fond, mais ils sont suffisants, et proposent toujours la demi-pension (gîte et couvert) et le pique-nique du lendemain, bien pratique pour voyager léger. La GTJ les recense sur son site. Voici où nous avons dormi, deux adresses sympathiques, pratiques et accessibles :
Photo : Damien Bettinelli & Cécile Chabert
En partenariat avec
Montagnes du Jura
La marque Montagnes du Jura réunit depuis 2003 les territoires de l’Ain, du Doubs et du Jura pour faire valoir les Montagnes du Jura comme une destination touristique à part entière au même titre que les autres massifs français. L’ambition est de mutualiser des moyens pour financer et réaliser des actions de promotion et des campagnes de communication pour valoriser le massif jurassien dans son ensemble.
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