Au printemps, alors que nos quotidiens étaient encore rythmés par les confinements et les couvres-feux, on a eu la chance de pouvoir s’évader sur les chemins de la Grande traversée du Massif central à vélo. Un itinéraire de près de 1400 kilomètres qui permet de plonger dans l’intimité du plus vaste massif du pays. Des grands lacs du Morvan au cap d’Agde en bord de Méditerranée, ce parcours sillonne les forêts, enjambe les vallées et escalade les sommets de ce massif montagneux aux frontières presque insaisissables.
Nous sommes revenus avec ce guide complet réalisé en partenariat avec la Grande Traversée du Massif central.
Créée en 1995 et longue de 680 km à l’origine, la GTMC a fait peau neuve en 2018. Au programme : une trentaine d’étapes de 30 à 80 kilomètres pour 300 à 1500 mètres de dénivelé positif par jour. Plus longue et plus accessible dans son nouveau format, elle offre désormais un parcours à vélo qui traverse intégralement le Massif central et peut se vivre de multiples manières. Les plus sportifs pourront se lancer dans un raid de longue distance, alors que les familles ou les débutants pourront suivre le tracé quelques jours sur les étapes plus abordables.
Si la GTMC avait été conçue pour le VTT à l’origine, son nouveau tracé est vérifié pour la pratique du VTT à assistance électrique, ce qui rend le voyage en itinérance accessible au plus grand nombre. De notre côté, on a choisi d’avaler les kilomètres sur nos gravels : sorte de solide vélo de route équipé de pneus VTT.
Enfin le gros point fort de ce tracé, c’est que tout a été prévu pour l’accueil des cyclistes. Il existe notamment un label de 175 hébergements “recommandés GTMC” qui proposent de nombreux services dédiés aux vététistes comme un service de transport de bagage à l’étape suivante ou du matériel de réparation.
Pour partir à la découverte des richesses naturelles et culturelles qu’abrite ce tracé, on a enfourché nos vélos et pédalé pendant 7 jours à travers les chemins et sentiers du Massif central. Pour avoir un meilleur aperçu du parcours global, on a choisi de faire un premier tronçon de 4 étapes de Toulon-sur-Arroux à Riom (290 km, 3400 de D+) et un second tronçon de Millau jusqu’au Cap d’Agde (244 km, 4230 de D+, 3 jours). Une belle aventure dont on ne revient pas les mains vides ! Découvrez nos conseils qui pourraient vous être utiles si vous souhaitez vous élancer en gravel ou en VTT sur ce parcours mythique.
Grand comme l’Autriche ou le Portugal, ce massif comprend à lui seul un parc national et onze parcs naturels régionaux. Mais surtout il traverse certains des coins les plus sauvages de France. Des forêts et pâturages préservés des collines du Morvan, aux terres volcaniques de l’Auvergne, des vastes plateaux des Grands Causses et des Cévennes jusqu’au littoral méditerranéen, ce massif offre une diversité de paysages grandioses.
La période idéale pour partir en itinérance se trouve entre le mois d’avril et le mois d’octobre. Avec une grande majorité du parcours qui se trouve dans un environnement de moyenne montagne, le climat peut être assez rude sur la GTMC. C’est particulièrement le cas dans les secteurs des monts du Morvan, des volcans d’Auvergne et des Cévennes.
Le tracé de la GTMC n’étant pas une boucle, le train est la meilleure option pour se rendre sur votre point de départ. Les très nombreuses gares qui jalonnent la GTMC sur toute sa longueur facilitent son accès en train. Les gares principales qui se trouvent à proximité de la GTMC sont celles d’Avallon, d’Autun, de Moulins, de Clermont-Ferrand, de Langeac, de St-Chély-d’Apcher, de Langogne, de Saint-Flour, de Millau, et d’Agde. A bord, la majorité des TER comprennent des emplacements spécifiques permettant de ranger les vélos alors que dans les TGV les vélos sont acceptés sous réserve d’être démontés et rangés dans une housse.
S’élancer sur son vélo dans le Massif central pour barouder sur les sentiers pendant plusieurs jours ne s’improvise pas et requiert quelques préparatifs. Si vous souhaitez connaître nos meilleurs conseils pour préparer votre aventure avant de vous élancer sur les chemins de la GTMC en gravel ou en VTT, vous pouvez aller jeter un œil aux guides de nos précédentes sorties dans les Monts d’Ardèche et autour de Paris. Vous y trouverez nos meilleurs conseils pour la préparation de votre itinéraire et de votre équipement ainsi qu’une liste de matériel à emporter dans vos sacoches pour ne rien oublier.
Pour cette aventure, on a choisi de partir sur deux segments différents pour mieux s’imprégner de l’identité de la GTMC. Une première équipe formée par Nicolas, Thomas et Damien a roulé 4 jours sur le tronçon nord entre la Bourgogne et l’Auvergne alors que Pierre-Antoine, Laurine et Louis ont usé leurs pneus pendant 3 jours sur le dernier tronçon du parcours en terre Occitane jusqu’au Cap d’Agde. De quoi se chauffer les cuisses dans les côtes abruptes du Morvan et se rafraîchir les orteils dans la Méditerranée.
Au total on a parcouru plus d’un tiers de l’itinéraire car nous avons roulé près de 500 kilomètres et grimpé plus de 7400 mètres de dénivelé positif. De ces voyages, on retient que la Grande Traversée du Massif central à vélo est un itinéraire aux milles visages tant la diversité des paysages que l’on rencontre sur la route est importante. Entre bocage, forêts, lacs de montagnes, sommets imposants, plateaux soufflés par les vents ou vastes maquis, les trésors naturels que l’on rencontre sont si nombreux qu’il semble impossible de pouvoir les lister.
11h22. Les portes de notre train se referment et nous voilà débarqués, vélos chargés, sur le quai d’Étang-sur-Arroux, aux portes du parc naturel régional du Morvan.
C’est parti ! Après seulement quelques kilomètres, nous nous retrouvons sur de petites routes qui traversent les champs bordés de haies touffues. Nous profitons de la douceur du bocage verdoyant du Bourbonnais qui défile sous nos yeux.
Une vache nous meugle après. Bien que mon expertise en race bovine soit très limitée, je note qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de la pochette de Atom Heart Mother de Pink Floyd. Des vaches. C’est probablement l’animal que l’on croisera le plus ces prochains jours. La journée s’écoule à mesure que les kilomètres s’accumulent. Lorsqu’on arrive à Bourbon-Lancy où l’on fait étape pour la nuit, le départ de la capitale ce matin semble déjà très loin.
19h04. Le compteur affiche 50 kilomètres et 1 200 mètres de dénivelé positif. On a bien transpiré.
La nuit passée chez nos hôtes a été réparatrice. En randonnée, on est plutôt du genre bivouac sommaire. Mais après 50 bornes de vélo, on n’est pas contre une douche chaude et un bon lit douillet.
On décide de partir tôt. En groupe, mieux vaut ne pas trop s’attarder au petit-déjeuner si on souhaite arriver avant la tombée de la nuit. Les petites routes de campagne goudronnées, dont on profite pour avaler les kilomètres, alternent avec des chemins caillouteux. Parfois boueux ou recouverts d’un épais tapis de feuilles en forêt, ils font patiner les roues et obligent à pousser les vélos dans les côtes. Ce n’est pas une mince affaire.Notre progression est stoppée brutalement par la crevaison d’un des pneus de Nicolas. Le trou semble minuscule. On démonte pour patcher avec une rustine, on regonfle, et on repart après trente bonnes minutes d’arrêt.
À peine arrivés au gîte, nos hôtes nous servent une bière alors qu’on a encore nos casques sur la tête. Après avoir longtemps travaillé dans la finance, Sophie, Parisienne pure souche, et John, Américain expatrié en France, ont tout quitté pour le village de Moulins. Ils y ont acheté une vieille maison, qu’ils ont transformée en gîte après trois ans de travaux.
Au petit matin, nos hôtes nous ouvrent la porte de leur atelier vitrailliste. Ils nous parlent longuement de leur dernier projet : réhabiliter une chapelle du coin pour en faire leur lieu de travail. En repartant, on remarque un petit macaron vert sur la façade passé inaperçu la veille. Cet hébergement fait partie des 175 logements recommandés par la GTMC.
La météo est toujours aussi clémente. Si l’ombre des forêts mérite bien une petite doudoune, le soleil frappe sans remords sur les chemins dégagés qui serpentent entre les champs. La marque des lunettes qui se dessine sur nos visages depuis trois jours en atteste. On traverse des forêts, on longe les rives de l’Allier et on ne peut s’empêcher de tomber sous le charme de Verneuil-en-bourbonnais avec ses allures médiévales.
La nuit que nous passons chez Jean-Pierre et Monique nous confirme que la qualité de l’accueil de la veille n’était pas qu’un coup de chance : au coeur de leur maison-ferme, ces artisans du bois, passionnés d’outdoor, anciennement parapentistes et grimpeurs savent recevoir. Et ils aiment le bon vin. On ne va pas s’en plaindre.
Nous quittons le village de Chantelle et ses fortifications en suivant le macaron rouge et blanc de la GTMC qui nous guide durant tout le parcours. La précision de ce balisage qui a été complètement refait en 2018 pourrait nous dispenser de notre GPS.
9h48, la cloche de l’église de Charroux résonne dans le calme matinal. “Il faut vraiment vous balader dans Charroux”. Jean-Pierre l’a répété. Classée parmi les Plus Beaux Villages de France, la commune de 320 habitants domine les plaines et vallées alentour. L’itinéraire de la GTMC traverse bon nombre de ces villages tranquilles qui font le charme des campagnes françaises.
En début d’après-midi, j’aperçois la chaîne des volcans d’Auvergne qui se dessine à l’horizon. Je reconnais le Puy-de-Dôme et je regarde ces montagnes avec envie. Ça aussi, ce doit être une belle aventure à vélo dans le Massif central… peut-être une prochaine fois ! Derniers kilomètres, la fatigue commence à se faire sentir et les vélos semblent toujours plus lourds lorsqu’il faut repartir après chaque pause.
Lorsque nous arrivons à la gare de Riom, l’ambiance est un peu particulière. Mélancolique, car la fin d’un voyage arrive toujours trop vite, mais heureux d’avoir parcouru tout ce chemin en si bonne compagnie. Il faut bien repartir un jour.
60 kilomètres et 1000 mètres de dénivelé positif. Encore une belle journée pour terminer en beauté.
Pour ce deuxième voyage sur les sentiers de la Grande Traversée du Massif central à vélo, nous prenons le départ sur les rives du Tarn, à Millau. Située au centre des Grands Causses, cette petite ville est principalement réputée pour l’immense viaduc qui la surplombe.
Nous entrons tout de suite dans le vif du sujet avec une montée qui nous fait grimper 600 mètres de dénivelé sur seulement 8 kilomètres. Le sentier est technique et les sacoches nous déséquilibrent sur nos gravels… Le ton est donné, cette itinérance à vélo sur la Grande Traversée du Massif central s’annonce sportive. Après 1 heure d’effort, nous posons nos roues pour la première fois sur le plateau du Larzac, vaste causse sauvage qui se caractérise par ses paysages de steppes. Laurine et Pierre-Antoine affichent un large sourire, la vue sur le viaduc de Millau et la vallée du Tarn est magnifique.
En chemin, on aperçoit de nombreux rapaces et quelques chiens de bergers qui aboient vers des moutons aux cloches tintantes. On enchaîne les pauses pour reprendre des forces et se restaurer. Cinq barres énergétiques par jour (pâtes de fruits, d’amandes, barres de céréales…) à consommer selon une règle d’or : à vélo, si t’attends d’avoir faim pour manger, c’est que c’est trop tard.
10 kilomètres. C’est la distance qu’il nous reste à parcourir pour atteindre le gîte à 21h. On aurait peut-être dû s’activer un peu plus cette après-midi au lieu de faire des photos. Après 45 minutes à pédaler dans la nuit noire, nous apercevons les lumières du Caylar. Victoire. Nos hôtes nous accueillent avec le sourire malgré l’heure et nous ne traînons pas pour aller nous reposer.
Petite surprise au réveil : le vélo de Laurine est à plat. Première crevaison d’une longue série. Je le répare rapidement pendant que mes compagnons terminent de prendre des forces avant le départ. À chacun son petit-déjeuner !
Les petites routes qui sillonnent à travers les collines laissent souvent place aux chemins caillouteux qui serpentent dans la forêt. Il nous arrive de pousser les vélos dans les montées qui sont un peu raides. Les paysages changent à une vitesse folle. Les grands espaces du Larzac ont laissé place aux terres ocres de la vallée du Salagou. Gilles, qui travaille pour l’office de tourisme de l’Hérault, nous rejoint sur les bords du lac du Salagou. Il nous explique avec passion les richesses culturelles et naturelles de sa région.
Au coucher du soleil, le déclenchement de l’appareil photo de Pierre-Antoine rompt le silence. Les paysages sont photogéniques. Le viaduc de Millau, les bergers qui guident leurs chèvres, des chemins de terre au milieu des champs, des villages templiers fortifiés, le lac du Salagou, les vignes, la plage du Cap d’Agde… À chaque jour son panorama.
Nous terminons la journée dans la pénombre. Encore une fois. On s’est un peu éloignés du tracé de la GTMC pour rejoindre le village de Mourèze où l’on passe la nuit. Lorsqu’on arrive chez Eliane et Thierry, il reste juste assez de lumière pour découvrir leur coin de paradis : une maison en bois accrochée dans la roche, juste à côté du cirque de Mourèze et de ses paysages lunaires.
Entourés par le chant des grillons et baignés dans la lumière du soleil, on traîne à prendre le départ de cette dernière journée sur la GTMC. Aujourd’hui, on va voir la mer et on pourra peut-être même s’y baigner. Pourtant, le week-end dernier, je campais dans la neige au milieu des Alpes avec Antoine. Le contraste me saisit et me paraît fou. La France offre décidément un terrain de jeu d’exception à ceux qui veulent bien lui accorder suffisamment d’attention.
Les kilomètres défilent à travers les vignes et la garrigue. Au sommet d’une longue montée, nous finissons par l’apercevoir pour la première fois : la Méditerranée.
La bière que l’on s’ouvre sur la plage du Cap d’Agde marque la ligne d’arrivée. On a connu de plus grandes scènes de liesse, mais la pression fraîche en terrasse et les embrassades devront attendre la fin de la campagne vaccinale. Ça avance bien, paraît-il… Cette bière a quand même un goût de victoire. On trinque.
Les jambes raides, on s’arrête devant la dernière balise de l’itinéraire. La plage est parfaitement calme. La fraîcheur du mois d’avril et le couvre-feu ont effacé toute trace d’agitation dans la station balnéaire. La Méditerranée remue doucement. Elle est la seule muraille infranchissable pour nos mollets désormais affutés. Notre trajet s’arrête ici. Dans une heure, il faudra remonter dans le train.
En partenariat avec
La GTMC
La Grande Traversée du Massif Central (ou « GTMC » pour les intimes !) est un itinéraire XXL reliant le Morvan à la Méditerranée, entièrement pensé et conçu pour les vététistes. VTT musculaire ou à assistance électrique, gravel bike ou vélo de voyage : la GTMC se décline à l’envi ! Si l’intégrale et ses 1380 kilomètres sont un « must » pour les vététistes aguerris, la GTMC se laisse aussi découvrir par tronçons. Le temps d’un week-end ou d’une semaine, ressourcement et dépaysement sont garantis, dans l’un des territoires les plus sauvages et préservés de France.
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