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Toujours manger les restes en premier. D’abord s’assurer puis grimper. Rester sur le pont à tout prix. Ne jamais passer par-dessus bord.
Voilà les règles d’or du Tres Hombres. Ce grand voilier en bois sillonne l’Atlantique les cales remplies de rhum, cacao, café, miel et autres marchandises durables et biologiques, proposant ainsi une alternative écologique au transport maritime en cargo, responsable de 2,8% des émissions globales de gaz à effet de serre.
C’est sur ce deux-mâts de 32 mètres que Pierre Fromentin a embarqué, pour quatre mois de traversée entre la République Dominicaine et les Pays-Bas. Parti documenter la vie de l’équipage, il en est revenu transformé.
Décembre 2018. Je savoure la grisaille berlinoise où j’habite depuis deux ans lorsque je reçois un message de Katharina, mon ancienne colocataire qui habite désormais aux Pays-Bas. Katharina adore le chocolat. Sa marque préférée est « The Chocolate Makers », un chocolat fait à Amsterdam avec des fèves de cacao venant de République Dominicaine et transportées à travers l’océan Atlantique sur le Tres Hombres, un voilier cargo sans moteur. Elle a vu un appel à candidature sur les réseaux sociaux de Fairtransport, la compagnie maritime propriétaire du bateau. Ils cherchent un photographe pour documenter la vie à bord.
Je prends contact avec eux et, après plusieurs échanges positifs par mail et visioconférence, je m’envole fin mars 2019 pour Saint-Domingue afin de rejoindre l’équipage et commencer le voyage jusqu’à Amsterdam : quatre mois à travers l’océan Atlantique. Je n’ai jamais navigué de ma vie. Une fois dans l’avion, je me demande ce que je fais là, prêt à embarquer pour une transatlantique à la voile, sur un vieux 32 mètres et avec un équipage de quinze personnes que je ne connais pas. Mais j’ai toujours rêvé de parcourir l’océan sur un si beau voilier…
Pour ma première soirée avec l’équipage, à Boca Chica, je suis accueilli par une bière fraîche suivie d’une fête déguisée et d’un barbecue à bord. Ils célèbrent leur arrivée de la veille, après 13 jours en mer, à tirer des bords face au vent depuis la Colombie sur 500 milles nautiques. Ils m’expliquent que le voilier filait en moyenne à… 1,6 nœud soit 3 km/h. Je comprends mieux leur joie de retrouver la terre ferme, après avoir lutté si longtemps. J’enfile une belle jupe que me tend Giulia, notre cuisinière italienne, en guise de déguisement et me joins ainsi à la fête. Plusieurs heures plus tard, une fois les dernières enceintes bluetooth déchargées, chacun retrouve ses quartiers. Je m’endors aussitôt après 24 heures de veille due au décalage horaire.
Le jour du départ, je prends un bon petit déjeuner mais j’évite le café. Il paraît que ça aide contre le mal de mer… D’après ce qu’on m’a dit, c’est comme être très malade le lendemain d’une soirée bien arrosée, mais pendant plusieurs jours d’affilée… J’ai hâte. On largue les amarres, je prends les premières photos de l’équipage en pleine manoeuvre. Les ordres fusent en anglais et bien que je sois bilingue, je ne comprends absolument rien.
“Set the foresail! Make fast! Hands to the braces!”
À peine sommes-nous sortis du port que Rémi, le capitaine breton, me propose de « m’envoyer » dans le zodiac pour prendre des images du Tres Hombres, toutes voiles au vent. C’est Lewis, le plus jeune membre d’équipage, qui m’emmène en balade. Spécialiste des moteurs hors-bord, il pilote le zodiac comme un pro, à toute vitesse. Je suis secoué, mais je me concentre sur les prises de vue. Le soleil des Caraïbes fait une percée entre les nuages et frappe les voiles du navire sur un arrière plan de ciel sombre. Je déclenche. Ce cliché sera ma première publication dans un magazine papier, pour le National Geographic hollandais.
Quelques heures plus tard, l’adrénaline du départ retombée et le bateau sur son cap, je réalise que je ne suis toujours pas malade. Simon, le menuisier autrichien, m’explique que si j’étais sujet au mal de mer, ça ferait bien longtemps que j’aurais dû sentir les symptômes. Il me félicite. Et en effet, sur les quatre mois qui suivront jamais je ne les aurai. Quelle chance !
Nous sortons de la mer des Caraïbes par le canal de Mona et entrons dans l’océan Atlantique. La côte disparait enfin. Au milieu de ce désert d’eau, je prends conscience de notre insignifiance… surtout lors de notre premier coup de vent avec des creux de 5 mètres. Très vite, on m’initie à tenir le cap. Il n’y a pas de pilote automatique et quelqu’un doit être à la barre 24 heures sur 24. Toute aide est donc bienvenue. J’ai souhaité faire partie des quarts de nuits, le même rythme que l’équipage, en faisant des quarts par tranches de deux fois 4 heures la nuit et une fois 6 heures le jour, réparties en deux équipes. On se réveille donc 3 fois par jour. Le rythme est difficile à prendre au début, puis on s’y fait, en perdant toute notion du temps.
Pas question de m’en tenir à la photo. Je profite de ma présence à bord pour apprendre la navigation. Malgré mon inexpérience, mon aide est appréciée. Il me suffit de tirer sur les drisses qu’on m’indique à chaque manoeuvre pour hisser ou descendre les voiles. Il y a aussi beaucoup de travail de maintenance. Le Tres Hombres est un vieux bateau et, comme tous les bateaux en bois, il prend l’eau. Pas beaucoup, bien sûr, mais il faut pomper l’eau du fond de cale chaque matin. Beaucoup de parties sont en métal et lorsque la peinture s’écaille la rouille s’installe. Il faut donc constamment réparer quelque-chose, entretenir le bois, faire de nouveaux cordages…
Nous faisons cap sur les États-Unis pour livrer des fèves de cacao et des chaussures faites main en Espagne. Mon anniversaire arrive. Giulia a fait un gratin de pâtes et ajoute des bougies en guise de gâteau. Un régal ! Le soir même, je profite des dernières lueurs du soleil lorsque j’aperçois des traînées de lumière verte dans l’eau qui se dirigent droit sur le bateau. Le bruit des souffles ne fait aucun doute : des dauphins ont décidé de venir jouer avec nous. Ils se dirigent vers la proue. Je les suis et me penche au-dessus du garde-corps pour admirer le spectacle incroyable du phytoplancton, luminescent en contact avec les dauphins. Ils laissent une traînée de paillettes dans leur sillage. Difficile de faire une pose longue sur mon appareil photo à cause du mouvement du navire. Je garderai ce souvenir pour moi.
Soudain, on m’appelle à la barre. Tout le monde est là un grand sourire aux lèvres et Rémi débouche une bouteille de notre rhum Tres Hombres venant de Barbados. “On ne boit jamais pendant les traversées pour des raisons de sécurité mais pour les anniversaires, on fait une exception.” Comme le veut la tradition, on offre un verre à Neptune. Je revois le visage désolé de certains membres d’équipage lorsque le rhum est versé par-dessus bord. Nous trinquons tous ensemble.
Nous faisons escale à Morehead City, en Caroline du Nord où nous passons pour des vagabonds en faisant tout à pied, là où la voiture est reine. Certains d’entre nous fument des cigarettes roulées, pratique plutôt associée à la consommation de cannabis… Un pasteur nous aide et nous transporte dans sa fourgonnette lorsque nous en avons besoin. Il nous emmène aussi dans une friperie tenue par des amies à lui et nous en profitons pour refaire notre garde robe… ou des déguisements pour notre prochaine soirée.
Nous repartons pour la République Dominicaine afin de remplir une dernière fois la cale avec du rhum et du café, avant d’entamer le voyage retour vers l’Europe. Nous passons la journée à charger 10 tonnes de cacao biologique et équitable ainsi que 11 barils de rhum sous un soleil de plomb. Tout à la main, évidemment. Il est temps de remettre les voiles pour la grande traversée. Cap sur Horta, aux Açores. Nous devons remonter vers les Bermudes pour retrouver les vents d’Ouest qui nous propulseront vers l’Europe.
Mais les vents ne sont pas de la partie et nous nous retrouvons en pleine mer des Sargasses quasiment à l’arrêt. Comme nous n’avons pas de moteur, il n’y a pas grand chose d’autre à faire qu’en profiter pour se baigner. Après plus d’un mois à bord, sauter le garde-corps pour se jeter à l’eau est assez effrayant. C’est comme se forcer à sauter d’une falaise : passer par-dessus bord peut être fatal en pleine navigation. Et puis, d’après les cartes marines, il y a 6 000 mètres de fond là où nous nous trouvons… J’arrête d’y penser et rejoins les autres. C’est la fin d’après midi et le Tres Hombres se tient là, devant un soleil rasant. Il me parait aussi vulnérable que majestueux. C’est assez fou de se dire que voilà notre maison et notre véhicule pour une si longue distance.
Tout le monde est excité. On joue dans l’eau comme des mômes, à se tirer par le fond, car on a tous peur des requins qui peuvent venir rôder… Une des raisons pour lesquelles le capitaine reste à bord et garde un œil sur les eaux qui nous entourent. Simon accroche une corde au bout de la vergue de la grand-voile et commence à se balancer joyeusement avant de lâcher prise et d’atterrir en faux-plat sur l’eau. Tout le monde éclate de rire. De quoi nous occuper jusqu’à l’heure du dîner.
Les deux équipes de quarts se retrouvent à manger ensemble sur le pont, chose rare en navigation, puisqu’on ne fait que se croiser au changement de quart, en temps normal. Le moral est au plus haut, cette demi-journée de pause fait du bien à tout le monde. Le soleil se couche à travers des formations nuageuses colossales et menaçantes. On contemple le spectacle en silence. La nuit qui suit est plus agitée. On reprend la route sous des trombes d’eau et des bourrasques de vent.
On passera un mois en mer avant d’atteindre les Açores.
La traversée se fait en 2 ou 3 semaines habituellement mais, à cause des vents capricieux, on avance aussi vite qu’un vélo à petite allure. Notre vie se résume à travailler, manger et dormir. Chaque moment de détente que l’on s’autorise, comme lire un livre ou regarder une série est du temps en moins pour dormir. Avec 8 heures de temps libre par jour, il faut être raisonnable. Manquer quelques heures de sommeil suffit à transformer nos périodes de quart en calvaire.
Parcourir une si longue distance sur un océan peut sembler monotone mais le ciel évolue constamment, les lumières et les couleurs également. On devient de plus en plus sensible aux moindres changements de notre environnement. Et puis la vie marine nous accompagne tout du long. Des dauphins et des baleines nous entourent quasiment chaque jour. Un jour, c’est une orque et son petit qui viennent nous rendre visite.
En arrivant près des Açores, on se retrouve à naviguer dans un champ de Physalies. Ces “Galères portugaises” sont des colonies de polypes venimeuses ressemblant à des méduses à la surface de l’eau. Avec leur voile de couleur arc-en-ciel, qui tend vers le pourpre, elles se déplacent à 45 degrés de la direction du vent. Un spectacle étonnant.
En fin de journée nous apercevons enfin le haut du volcan de l’île de Faial. Quel bonheur de revoir la terre après tant de temps passé en mer. Nous passerons la nuit à contourner l’île avant d’entrer dans le port de Horta le lendemain matin. Tout le monde connaît ce voilier ici, car le Tres Hombres y fait escale tous les ans, comme beaucoup de navire faisant la traversée d’Amérique du Nord jusqu’en Europe. On nous accueille chaleureusement, avec nos premières bières qui sont plus que bienvenues. Le soir venu, on se réunit au bar mythique et incontournable pour les marins en escale : chez “Peter: cafe sport”.
Nous passons une semaine en escale sur l’île. L’équipage en profite pour faire les travaux de maintenance difficile à réaliser en mer, comme repeindre l’extérieur de la coque. Je me fais plaisir et prends une chambre à terre pour quelques jours durant lesquels je termine de mettre en page l’exposition photo du voyage que j’envoie à imprimer aux Pays Bas. Je veux qu’elle soit prête pour notre arrivée à Amsterdam. Chaque année il y a une grande fête pour le déchargement, où le public est convié.
Avoir ma propre chambre me paraît être un vrai luxe : un lit 2 places rien que pour moi ! C’est aussi l’occasion de retrouver internet, de prendre des nouvelles des amis et de la famille et de replonger dans l’effervescence des réseaux sociaux… Sans connection lors de la traversée, il est beaucoup plus facile de se concentrer sur l’essentiel et le moment présent.
Je loue une voiture avec Antonia, une matelot allemande du Tres Hombres, et nous faisons le tour de l’île en une journée. Je me sens dans mon élément entouré de montagnes et de volcans. C’est drôle, nous sommes beaucoup plus sensibles aux odeurs qu’avant : nous pouvons sentir les arbres en fleur avant même d’entrer dans le port de Horta. L’île est si riche avec sa végétation luxuriante qu’une fois à terre, le désert océanique nous paraît bien hostile. C’est pourtant de là-bas que nous venons, à l’ouest, par delà l’horizon. Je tombe sous le charme de l’île et de ses habitants, et me promets de revenir un jour pour explorer les autres îles de l’archipel. À la voile, forcément.
Il est temps d’entamer la dernière partie du voyage pour Amsterdam et d’entrer dans l’Atlantique Nord. Là, un plus gros temps nous attend, les températures chutent, la pluie nous trempe et la houle nous ballotte. Dans le golf de Gascogne, nous recevons un appel de détresse sur la radio haute fréquence. Un homme qui fait la traversée de l’Atlantique en solitaire a une brèche dans sa coque et prend l’eau à une vitesse incontrôlable. Il doit abandonner son bateau qui est en train de couler. Cette nouvelle nous arrive comme un choc mais tout le monde se prépare pour la mission de sauvetage. Nous virons de bord et faisons cap vers le navire en détresse. Au bout de 2 heures, Joel — que l’on surnomme “Eagle Eye” — aperçoit depuis la vigie le mât du Suzie Wong.
Le capitaine met le bateau à l’arrêt proche du voilier et envoie Renée, la deuxième chef de quart, avec Lewis pour secourir Bert sur son bateau. Ils restent en contact radio tout le long de la mission et ramènent Bert à bord, sain et sauf en possession d’un sac à dos et d’une petite valise. C’est tout ce qu’il aura pu sauver de son voilier sur lequel il habitait depuis plusieurs années. Malgré plus de dix ans d’expérience comme marin, il n’a aucune idée de ce qui a bien pu se passer mais imagine qu’il a dû heurter un conteneur à la dérive. C’est un grand danger pour les voiliers. Ils tombent des portes conteneurs géants qui transportent 90% des produits mondiaux… Le bruit du choc a dû se mêler au fracas des vagues qui s’écrasent contre sa coque en aluminium.
Bert est sous le choc. Nous l’accueillons comme l’un des nôtres, Giulia lui sert à boire et à manger. On lui offre une banquette en cabine. Très vite, il veut s’investir dans la vie à bord et intégrer le système de quarts. Il a toujours rêvé de naviguer sur un gréement à voiles carrées et prend donc un réel plaisir à l’apprentissage de la navigation sur le Tres Hombres. C’est aussi une bonne façon pour lui de ne pas trop penser à la perte de son navire.
Après une semaine, nous arrivons à Brixham, au Royaume-Uni, où nous déposons Bert qui retourne chez lui, en Allemagne. Il doit régler les problèmes administratifs suite à son naufrage. Les aurevoirs sont difficiles, beaucoup de larmes coulent, mais il promet de nous retrouver à notre arrivée à Amsterdam. Notre escale au Royaume-Uni nous permet de retrouver le 2ème navire de la compagnie, le Nordlys. Construit en 1873, ce dernier fait du cabotage le long des côtes européennes. Les équipages se retrouvent pour une soirée mémorable. De mon côté, après plus de 3 mois à bord je commence à ressembler à un vieux marin d’eau douce à la barbe bien fournie. Une visite chez le barbier et me revoilà présentable.
Nous attendons que les vents remontent la Manche afin de reprendre la mer et hisser les voiles une dernière fois pour notre destination finale : Amsterdam. Nous remontons la Manche et croisons constamment des cargos. C’est une des routes maritimes commerciales les plus empruntées au monde. On observe comme un nuage jaunâtre au dessus de l’horizon et une odeur de pollution constante. Ce sont les rejets de soufre provenant de la combustion du fioul lourd de ces navires gigantesques, un résidu de raffinerie bien moins cher que le diesel. Un cargo comme ceux-là émet autant de soufre que 50 millions de voitures. Ces particules fines se fixent sur les poumons et augmentent les risques de développer des maladies pulmonaires, cardiaques et des cancers… Encore une bonne raison pour développer le transport à la voile.
En seulement quelques jours nous voilà devant Ijmuiden à l’entrée du canal qui nous amènera jusqu’à Amsterdam. Comme nous n’avons pas de moteur, un remorqueur vient nous récupérer. Quelques heures sont nécessaires pour atteindre la ville. On s’occupe avec des harengs frais et autres bitterballen, spécialités hollandaises dont on se régale. J’en profite aussi pour enfin monter sur la vergue du cacatois, tout en haut du mât de misaine du voilier Tres Hombres. Ayant le vertige, je ne préférais pas m’y risquer en pleine mer, avec la gîte qui prend de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure que l’on grimpe. Mais quel spectacle, une fois arrivé en haut. Les paysages bucoliques des Pays-Bas s’étendent à perte de vue.
Beaucoup d’amis et nos familles nous attendent sur les quais de la NDSM, les anciens chantiers navals d’Amsterdam. Nous mettons pied à terre.
Nous voilà à bon port !
La grande fête a lieu quelques jours plus tard et nous déchargeons tout le cargo composé essentiellement de rhum, de café et de cacao. L’ambiance est festive, beaucoup de gens sont venus pour aider à vider la cale, goûter au rhum et au chocolat tout en découvrant les images de notre périple avec mon exposition. Le capitaine sort le dernier baril de rhum sous des trombes d’eau et, aussi incroyable que cela puisse paraître, un coup de tonnerre vient marquer la fin du déchargement. Un signe, peut-être ?
Je réalise que le voyage est terminé. Une aventure inoubliable, au service d’un projet qui crée du lien entre producteurs, entreprises et consommateurs. On apprend à vivre ensemble malgré nos différences et à mieux communiquer, écouter, compatir. Le manque de distraction nous permet d’approfondir nos relations, de nous ouvrir aux autres pour créer un groupe solidaire prêt à affronter un océan. Voilà peut-être la plus grande leçon que je retiendrai de cette traversée.
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