Sentir le volcan respirer, le voir cracher sa salive de lave rouge, se laisser envahir par une vague de chaleur… S’aventurer au bord d’un volcan, c’est avoir le privilège de prendre le pouls de la Terre et se confronter, avec humilité, à la puissance de Dame Nature.
Aujourd’hui, près de 1 670 volcans actifs font frémir les quatre coins du globe. Avalanches de feu, panaches de cendres, cratères bouillonnants… Ils ne font pas dans la demie-mesure, fascinent autant qu’ils inspirent la peur et le respect. Ces géants attirent, aussi, les aventuriers en quête de sommets.
Après vous avoir emmenés à nos côtés sur les hauteurs de la Souffrière en Guadeloupe ou dans les vapeurs du Kawah Ijen avec l’épisode #17 de notre podcast, Les Baladeurs, nous vous proposons ici huit itinéraires pour partir à l’assaut des plus beaux volcans du monde.
Avant de démarrer votre trek sur un volcan et de lui déclarer votre flamme, faut-il préciser qu’il ne s’aborde jamais sans avoir pris toutes ses précautions ?
Elle a surgi du fond des eaux profondes de l’océan Indien il y a trois millions d’années et se dessine au gré des caprices de son illustre volcan. Elle, c’est la belle île de la Réunion. Lui, c’est le puissant Piton de la Fournaise. Culminant à 2 632 mètres d’altitude, il est un membre privilégié du club des volcans les plus actifs de la planète. Il entre en éruption tous les 9 mois en moyenne et façonne le paysage de l’île de ses coulées de lave, serpentant au milieu d’une végétation aride.
Avec son air désolant, ce mastodonte de la nature fait un beau pied de nez au décor de végétation luxuriante et immensités bleues des côtes du Sud. Gravir le Piton de la Fournaise, c’est s’offrir une parenthèse à l’intérieur d’un autre monde : celui de la Terre en pleine évolution. Car ici, rien n’est jamais certain… Le lundi 10 février 2020, le volcan est sorti de sa torpeur avant de se rendormir quelques jours plus tard. Alors restons alerte, la diva réunionnaise est du genre lunatique !
Au départ du parking du Pas de Bellecombe ou au gîte du Volcan, on s’élance jusqu’au Formica Léo, petit cône volcanique, avant d’emprunter le sentier en direction de la Fournaise. Près de la Chapelle de Rosemont, on vire à gauche pour atteindre le sommet en suivant les marques blanches. On évolue dans un décor minéral, sur des coulées de lave parfois à peine refroidies. Au milieu de ce sol chaotique, recouvert de scories brunes-orangées, et ces étendues de sables noires et ardentes, on se sent loin de tout, étourdis par une douce impression de bout du monde… ou de lointaine planète.
Arrivés au cratère Dolomieu, on profite du panorama avant de reprendre le chemin inverse et revenir sur ses pas. Certains préfèrent partir de nuit, lampe frontale vissée au crâne et clair de lune comme seul guide : un moyen judicieux de profiter du lever de soleil et de redescendre à la fraîche !
Avec pas moins de 3 000 volcans dans les Andes chiliennes, le Chili détient le record de la plus longue chaîne volcanique du monde. Parmi eux : le Villarrica, une immense chaudière à ciel ouvert culminant à 2 820 mètres, au coeur de la région des lacs. Son nom signifie « la maison du démon » en mapudungun, langue du peuple Mapuche. Rassurant ?
De temps à autre, le Villarrica, constitué de plusieurs couches de lave successives, se plaît à gronder et cracher quelques jets de laves ou de cendres. Constamment surveillé par des scientifiques, il est donc toujours actif mais en état de veille : sa dernière éruption date de mars 2015…
Départ avant le lever du soleil de Pucón Point. Selon les saisons, un télésiège vous mènera à 1 860 mètres jusqu’à Piedra Negra. Hors-saison, une petite marche d’approche ajoute quelques kilomètres et pousse le dénivelé à près de 2 000 mètres. D’un terrain rocheux avec pente constante, on se retrouve vite dans une étendue de cendres, avant d’attaquer un dénivelé bien raide dans la neige craquelée. On avance alors à petits pas — mais grands zigzags — à travers le flanc quasi vertical de la montagne.
En chemin, on ajuste son masque sans paniquer, car l’arrivée au sommet vaut tous les sursauts du monde : la vue s’étend à 360° sur les plaines environnantes, gorgées de lacs et plantées de montagnes. Au milieu d’une mer de nuages, on écoute le magma qui sommeille sous nos pieds et on observe les fumerolles qui s’échappent du géant. Après une bouffée de chaleur au sommet, il faut déjà penser à redescendre… Mais au diable les piolets : des toboggans naturels figés par la neige nous appellent désormais!
Plus de 500 volcans, dont une centaine en activité font de l’Indonésie la plus vaste zone volcanique au monde, où le Bromo règne en maître parmi les siens. Ce n’est ni le plus grand, ni le plus imposant, mais Gunung Bromo, de son nom complet, est définitivement l’un des plus spectaculaires : lové à 2 329 mètres d’altitude, au milieu d’une immense plaine de sable gris (les restes d’un ancien cratère), sa caldeira de 800 mètres de diamètre est ceinturée de murs de plus de 200 mètres de haut, perçant dans un décor sorti du fond des âges.
Sous le regard menaçant du Mont Seméru, plus haut sommet de Java, et de son voisin endormi, le Mont Batok, il crache inlassablement d’épais panaches de fumée. Élevé au rang de divinité par les habitants de la région, le Bromo est réputé pour ses levers de soleil fascinants : dès les premières lueurs de l’aurore, les brumes s’évaporent et la chaîne des volcans émerge timidement au milieu d’un paysage lunaire. Le clou du spectacle ? Une ascension jusqu’au sommet, d’où l’on peut écouter le coeur de la Terre.
Pour éviter le ballet des Jeeps au lever du jour, on choisit l’option randonnée nocturne jusqu’au Mont Penanjakan. À la fourche principale du village de Cemoro Lawang, on prend à droite en direction de l’hôtel Cemara Indah puis on bifurque encore sur une route qui va gentiment longer la falaise, sans s’en approcher. La route, bitumée pendant un bon moment, cède ensuite place à une poignée de marches qui mènent au point de vue Seruni. Belle vue, certes, mais peut mieux faire ! On se faufile à travers la végétation sur un chemin terreux. Le terrain se fait broussailleux, escarpé, mais rien de bien dangereux.
Tout est calme, paisible. On atteint King Kong Hill, où l’on s’arrête pour profiter de ce moment exceptionnel. Les couleurs changeantes de l’aube viennent caresser ces crêtes mythiques au milieu des panaches de fumées. À gauche, le cratère du Bromo, à droite, le Mont Batok, en arrière-plan, le Mont Semeru. On s’élance ensuite à travers cette étendue de poussières volcaniques. Au pied du volcan, 240 marches se dressent devant nous et nous mènent au bord du cratère. Le paysage est lunaire, le spectacle exceptionnel.
Quel randonneur n’a jamais songé, un jour, à gravir le Kilimandjaro et se hisser sur le « toit de l’Afrique » ? Avec ses neiges éternelles ancrées dans l’imaginaire, il préserve son image de sommet mythique : du haut de ses 5 892 mètres d’altitude, le Kilimandjaro peut d’ailleurs se vanter d’être un des « Sept Sommets » (les points culminants des sept continents) et continue de nourrir les envies d’aventure des montagnards fascinés.
Forêts luxuriantes, fougères géantes, déserts de pierre, moraines et jardins alpins, flancs couverts de laves, zones glaciaires…. Le Kili se démarque aussi par son cadre naturel incroyable. S’il est aujourd’hui considéré comme éteint, il connaît encore des secousses sismiques, mais sa dernière éruption sommitale remonte à 500 ans.
Il existe sept points de départ et de nombreuses variantes pour ce trek. Parmi elles, on peut citer la route Machamé (départ à 1 600 mètres d’altitude), la plus difficile mais prisée pour ses magnifiques paysages, dont la descente s’effectue par une voie différente, celle de Mweka. En revanche, ne vous attendez pas à être seul sur la voie ! La Marangu (départ à 1 870 mètres d’altitude) est la plus confortable et la plus rapide, mais équipée de refuges, elle est aussi la plus touristique. Comptez ici 5 jours de trekking. La Rongaï (départ à 950 mètres d’altitude) est la seule route approchant la montagne par le Nord et l’une des plus préservées. Loin des foules, vous atteindrez le sommet en 6 jours.
Devenu un lieu mythique pour la randonnée aux États-Unis, au sud-ouest de l’État de Washington, le Mont Saint Helens reste tristement connu pour son éruption spectaculaire de 1980, après un long sommeil de 123 ans ! Cette éruption, dont la puissance a été comparée à 500 fois la bombe larguée sur Hiroshima, a littéralement transformé le paysage et fait perdre au sommet près de 400 mètres d’altitude, son pic cédant ainsi la place à un cratère.
S’il n’a pas connu d’éruption récente, le Mont Saint Helens connait depuis quelques années une recrudescence inquiétante d’activité. Les scientifiques ont enregistré de nombreux tremblements de terre sous la montagne : le stratovolcan se rechargerait en magma ! Mais pour l’instant, avant de craindre une explosion, c’est surtout le vent, parfois impitoyable, qu’il faut redouter…
Départ du Climber’s Bivouac, que l’on atteint par la route 830 au sud du volcan. Après un passage au milieu d’une forêt de pins Douglas sur Ptarmigan Trail, on crapahute le long d’un vague éperon. La règle d’or ? Se fier comme on peut aux drapeaux et poteaux en bois qui indiquent la direction générale. Ici, pas vraiment de traces uniformes, mais des esquisses de sentiers qui surgissent par endroits. Face à ces arbres couchés par le souffle du choc, on se rend immédiatement compte de la puissance du géant. Sur les dernières centaines de mètres, on s’élance tout feu tout flamme sur d’abruptes pentes caillouteuses et instables jusqu’au bord du cratère. Où l’on perd définitivement tout sens de l’orientation… Le dôme du volcan au premier plan, les Monts Rainier, Adams et Hood en arrière plan : la vue est saisissante, étourdissante.
C’est l’un des rares volcans au monde en éruption quasi permanente. Planté au coeur des îles Éoliennes, toutes plus volcaniques les unes que les autres, le Stromboli se donne perpétuellement en spectacle, jonglant entre violents grondements, explosions retentissantes et spectaculaires gerbes de lave incandescente.
Au cours de l’été 2019, le volcan a notamment connu une série d’explosions violentes et impressionnantes : d’importantes coulées de lave et une large colonne de fumée se sont échappées du cratère. Imaginez des panaches de 100–200 mètres de haut ! Un masque est donc nécéssaire pour se protéger des pluies de cendres et ballets de poussière.
Il existe trois chemins différents pour rejoindre le sommet: la nouvelle route, l’ancienne route via la Sciara del Fuoco ou la route par Ginostra. Le sentier serpente le long de roseaux et paysages en terrasse, avant de gentiment disparaitre dès 270 mètres. Tandis que l’on admire la vue plongeante sur l’île, les pieds s’enfoncent dans un sol de poussière, les yeux se plissent et les kleenex de protection sur le visage se teintent de gris. Depuis le cratère (830 mètres d’altitude), puis le point culminant, on se plaît à admirer un somptueux coucher de soleil. Avant que la nuit tombe, éclairée ponctuellement par les éruptions rougeoyantes de cette bouche béante. Si la montée est certes un peu abrupte, le retour se fait tout en douceur. De nuit et à la frontale, on descend alors par un versant différent, en dévalant une pente de sable.
Du haut de ses 3 976 mètres d’altitude, l’Acatenango arbore fièrement sa médaille de bronze sur le podium des plus hauts volcans du pays. Si son voisin de palier, le Fuego, s’affirme comme l’un des volcans les plus actifs d’Amérique Centrale, l’Acatenango est aujourd’hui considéré comme dormant. Sa dernière éruption importante date de 1972. Ces deux silhouettes coniques — et iconiques ! — sont visibles depuis la ville d’Antigua Guatemala, située à une trentaine de kilomètres.
Si le sommet de l’Acatenango s’atteint au prix d’intenses heures de marche, le panorama qu’il offre mérite à lui seul l’effort. Car ce qui est spectaculaire avec l’Acatenango, c’est bien cette marmite de feu juste à côté… Un vrai spectacle de la nature, pour lequel il faut faire preuve de patience et de détermination.
Départ du village de Soledad (2 250 mètres d’altitude). L’expédition s’organise en deux jours avec nuit sous tente; et qu’on se le dise, le premier jour ne sera pas de tout repos. Sur terrain instable et extrêmement pentu, on s’élance jusqu’au campement à 3 600 mètres. Durant 5 heures, on gravit le volcan sur un sentier sablonneux, qui n’a rien d’une promenade de santé (surtout la première heure). Sans oublier les pauses (nécessaires !) pour profiter du paysage et reprendre son souffle.
Pour gravir le dernier tronçon entre le campement et le sommet, les plus courageux se lèveront vers 4h00 du matin. Le sol glisse, le climat se fait changeant. On avance à flanc de volcan dans une ambiance électrique, jusqu’au sommet. Là, on entend chaque grondement, on ressent toutes les vibrations. Et tandis que le ciel se pare de nuances rosées, le panorama s’étire alors à 360°… les volcans Agua, Pacaya, Tajumulco, le lac Atitlán, la vallée verdoyante en contrebas et même l’océan Pacifique !
Situé sur la célèbre ceinture de feu, au sud de la capitale Quito, le volcan Cotopaxi est le deuxième plus haut sommet d’Équateur, après son voisin le Chimborazo. Ce dernier étant parfois considéré comme « le plus haut sommet du monde » car le plus éloigné du centre de la Terre…
Avec son cône quasi parfait, son sommet constamment enneigé et ses magnifiques glaciers, le Cotopaxi fait les yeux doux à bon nombre de randonneurs. Néanmoins, ce géant équatorien ne se laisse pas dompter si facilement. Il faudra accepter la compagnie de la fatigue, du froid et de la nuit pour espérer le courtiser. Et faire toujours preuve de prudence et de bon sens. Réputé pour être l’un des volcans les plus dangereux du monde, il est entré en éruption pour la première fois depuis presque 75 ans le 14 août 2015. Aujourd’hui, on craint surtout ses lahars (coulée boueuse d’origine volcanique) qui ont déjà fait des victimes…
Départ de Latacunga jusqu’au refuge du José-Ribas (4850 mètres). Après quelques heures de repos, direction le glacier, que l’on atteint après une bonne heure de marche sur des scories camouflées par une fine couche de neige. Oubliés les préliminaires tout en douceur de l’altiplano et ses chevaux sauvages, il est désormais temps de passer aux choses sérieuses. Au-delà des 5 000 mètres, l’ami est recouvert de glaciers. On enfile alors les crampons, on dégaine les piolets, on s’encorde et on serpente entre les barres de séracs et crevasses plus ou moins profondes. Après 5 à 7h de marche on atteint le sommet du cratère. Là, s’étire en contrebas une vue grandiose sur le páramo andin… Et on se dit que nos efforts n’ont pas été vains !
INSTAGRAM — Rejoignez la plus grande communauté de nouveaux aventuriers