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Il y a quelques mois, Matthieu Tober du Fresh Air Club nous racontait son surf trip en Bretagne, à la recherche de l’aventure et du bonheur simple. Las de la grisaille française, Alexandre Peneau est lui aussi parti avec sa planche sous le bras pour se ressourcer entre les vagues et le soleil du petit village de pêcheurs d’Imsouane, sur la côte Ouest marocaine.
Il y a des endroits qui nous passionnent, des fins de routes qui nous marquent. J’avais beaucoup de choses en tête en venant au Maroc, mais certainement pas celles-là.
Ce qui me plait dans l’acte de voyager, c’est ce sentiment de démarrer un nouveau cycle, de devenir une personne nouvelle. Je dois bien avouer que j’avais perdu le goût de ces découvertes après avoir été secoué par le vent et la pluie, quelques temps plus tôt, le long de la côte Nicaraguayenne. Mais les averses et la grisaille de janvier m’ont aidé à redorer l’estime que j’avais pour l’aventure.
Imsouane est un nom plein de sens pour ceux qui ont appris à se mettre debout sur une planche. Pour les autres, c’est un village de pêcheurs, perdu quelque part le long de la nationale marocaine. Ça sera ma destination pour un voyage de quelques jours, court, mais nécessaire, accompagné par la meilleure des partenaires de voyage. Avant même d’arriver dans le village, la route nous offre un avant-goût de ce que seront les prochains jours : la baie se découvre sous nos yeux du haut de la falaise qui la surveille. Petit paradis perdu que les cartes postales auraient tendance à oublier, pour notre plus grand bonheur, j’imagine.
Les jours sont simples à Imsouane, la ferveur des rencontres se mélange aux odeurs fumées des poissons pêchés dans la matinée. Les habitants n’ont rien d’autre à offrir que leur immense bienveillance et quelques tasses de thé à la menthe. La vague de la baie est un point break (vague qui casse toujours au même point, souvent une pointe rocheuse ou un étendue de sable, et qui déroule sur un longue distance) qui démarre à l’entrée du port. Surfeurs et fidèles se croisent en procession lors de l’appel à la prière. Certains vont vers la Mosquée et d’autres répètent l’inlassable boucle qu’offrent ce genre de vagues.
Equipé depuis peu d’un caisson étanche, je lui trouve toujours une place dans mes bagages lorsque je vais près d’un océan. Ici, l’accès au spot se fait en traversant les étals des pécheurs devenu vendeurs. Les fortes odeurs du labeur matinal et du poisson m’accompagnent dans ma mise à l’eau. Elle se fait en entrant derrière la digue du port : un moyen habile de contourner la première ligne de vagues et de se jouer du courant. La magie de l’endroit et de l’instant s’occupe du reste. Je me laisse fasciner par les courbes, le soleil qui se couche, et me contente de déclencher mon appareil.
Pris par le jeu des rencontres, nous partageons nos journées avec quelques voyageurs trouvés sur place. Un après-midi, au détour des routes, nous tombons sur un bout de désert arraché à son grand frère plus au Sud. Ses quelques dunes veillent du haut des falaises sur l’océan, particulièrement agité ce jour-là. Enhardi par les rafales, le sable nous lèche les joues et s’engouffre dans le moindre pli de nos vêtements. Sentiment désagréable mais assez rare pour être apprécié : le voyage offres des sensations nouvelles, loin de son foyer.
Au gré d’une ballade le long des rochers, nous nous arrêtons quelques minutes pour tenir compagnie à des pêcheurs locaux. Notre présence ne semble pas les importuner. Ils nous racontent leur amour pour la quiétude qu’offre la pêche et nous décrivent les kilomètres de routes qu’ils font chaque week-end pour venir ici. Comme une façon de faire le vide. Imsouane est une bulle de simplicité et de repos dont chacun rêve au moins une fois dans sa vie. Elle donne goût au voyage et à la rencontre. Imsouane est bien plus qu’un spot de surf.
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