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Dans notre quatrième volume papier, Damien, Marc et Fabien nous racontaient l’importance de leurs road-trip annuels. Des moments hors du temps où se fabriquent leurs futurs souvenirs. Si vous nous suivez sur Instagram, vous avez pu voir que cette année, 365 jours après la Scandinavie, leur choix s’est porté vers l’Islande.
Quelques semaines après leur retour, il nous racontent ce périple pluvieux sur la terre de glace, pendant lequel ils ont testé les nouvelles lunettes ICE de Vuarnet, partenaire de ce récit.
Dès l’atterrissage à Reykjavik, on constate qu’on n’est pas les seuls à avoir eu envie de passer les vacances d’été au frais. Les Américains sont nombreux, déjà équipés de leurs chaussures et bâtons de marche, comme si les sentiers démarraient au pied des pistes d’atterrissage.
En même temps, on n’est pas vraiment surpris. En quelques années, l’Islande est devenue un véritable eldorado pour les voyageurs. En 365 jours, l’île et ses 330 000 habitants reçoivent désormais 1,7 million de visiteurs. Sur certaines périodes, les touristes sont donc plus nombreux que les Islandais eux-mêmes.
Un tourisme de masse lancé en 2010 par une publicité improbable : l’éruption du volcan Eyjafjöll, qui a provoqué l’annulation de 100 000 vols internationaux, bloqué près de 8 millions de passagers et obligé ainsi les journalistes du monde entier à s’intéresser à cette région sauvage et imprévisible.
Il y a quelques années, on aurait eu du mal à y croire. Mais quelques millions de photos Instagram plus tard, ce boom du tourisme fait peser un poids très important sur une île de cette taille : augmentation des coûts de logement pour les locaux, érosion des sols, augmentation du trafic routier et des déchets, etc. Et surtout, le risque de “se couper l’herbe sous le pied”, en rendant de moins en moins perceptible l’un des atouts de l’Islande : l’isolement qu’elle offre à ses visiteurs.
Les plus dédaigneux y ont peut-être déjà trouvé la raison de lui tourner le dos. Mais soyons objectifs : l’île reste magnifique et un terrain de jeu unique pour les amoureux de la nature. Dans notre cas, seul Fabien avait déjà eu la chance d’y mettre les pieds et nous comptions bien ne pas lui en laisser l’exclusivité.
Un dernier mot sur cette importante fréquentation de l’Islande : oui, le Sud est très peuplé, d’autant plus en juillet et août. Mais il est aussi possible d’échapper à la foule en remontant l’île et en s’éloignant de la route principale qui en fait le tour. Les cars de touristes ne s’aventurent pas dans les chemins boueux.
Dès la sortie de l’aéroport, on est accueilli par l’ambiance nordique : malgré un soleil rayonnant qui diffuse une lumière blanche, l’air reste froid. On est à seulement 3h30 d’avion de Paris CDG et pourtant c’est un environnement complètement nouveau qui se dessine. On s’installe à bord de notre Jeep et on quitte la zone aéroportuaire, direction l’Est de l’île.
À peine quelques heures de route pour s’éloigner de Reykjavik et les fameuses F-roads, ces pistes cahoteuses, nous mènent de rivières en cascades. Les photos seront ici plus parlantes que tout ce qu’on pourra écrire.
Sur le chemin, nous croisons des motos, des vélos, et beaucoup de marcheurs aussi, dont on salue le courage. Il en faut pour affronter le vent glacial et les pluies intermittentes.
Très vite, le décor change. Il ne cessera de nous étonner durant le voyage.
Les couleurs spectaculaires du site volcanique du Landmannalaugar, laissent place aux immenses étendues sombres du centre de l’île. On y découvre un environnement souvent désert, toujours hostile.
On traverse ainsi une étendue noire interminable pour découvrir Askja, un cratère à l’eau bleu-vert dans lequel on plonge en grelottant. L’odeur de soufre, qui accompagne souvent les sources de l’île, est ici plus présente qu’ailleurs. Un pied dans l’eau boueuse, un autre… Subitement, le fond plonge. Jusqu’à quelle profondeur ? Personne n’est allé vérifier. Encore quelques brasses qui feront office de douche, et on se rhabille à toute vitesse.
L’eau est un élément incontournable de l’île. Elle offre de drôles de chasses au trésor. Au huitième jour de notre aventure, on est partis à la recherche de cette source chaude perdue au milieu du désert, que de mystérieux internautes conseillent. On suit à vue, durant plusieurs heures, une piste à peine tracée que personne n’a dû emprunter depuis longtemps. C’est peine perdue. Il est 19h, la nuit tombe, le brouillard aussi. Impossible de rebrousser chemin dans ces conditions : les rochers à peine visibles, disséminés çà et là, ne feraient pas de cadeau à la Jeep. On décide de passer la nuit dans ce décor irréel. Notre valeureuse tente, une nouvelle fois ceinturée à la voiture pour éviter que les rafales de vent ne la kidnappent, ne nous a toujours pas pardonnés. Les noodles avalées à la va-vite nous réchauffent un peu avant l’appel de nos sacs de couchage.
Malgré les conditions souvent difficiles, il faut souligner qu’on a eu la chance de pêcher en t-shirt sous un magnifique soleil. Par ailleurs, cheminer au fond de l’Islande ne s’adresse pas qu’aux plus aventuriers d’entre nous. Sur le chemin du retour, depuis la petite ville de Myvatn, tout au nord du pays, nous décidons de retourner à Reykjavik par une piste traversant l’île par le centre et les Highlands. Sur cette route longue et monotone, nous tombons sur un charmant refuge installé derrière une colline et, miracle, équipé d’une piscine naturelle, alimentée par une source chaude. On y rencontre une petite famille danoise. Les parents, et 3 enfants, tout sourires, partis en van pour deux mois d’aventure. Une bonne organisation pour ne pas faire déraper le budget, car les prix islandais peuvent en effet être aussi vicieux que les températures, et voilà un été de rêve pour les têtes blondes.
Alors oui, de manière générale, pour apprécier l’Islande il faut quand même accepter de passer l’été en doudoune plutôt qu’en short de bain. Le vent souffle constamment et, hors des sources chaudes, l’eau est à la température des icebergs qui y barbotent par endroits. Pourtant, les surprises visuelles que révèlent chaque virage sont à la hauteur de ce que l’on vient chercher. On s’amuse de prendre des photos de paysages croisés quelques semaines plus tôt sur nos réseaux sociaux. Oh, ça n’a rien à voir, la lumière n’était de toute façon pas la même…! Peu importe, l’Islande est un immense terrain de jeu naturel, dans lequel il faut se promener avec délicatesse, pour en saisir la beauté. Et puis, est-ce que voir les photos de ses copains à Disneyland doit rebuter un enfant d’y mettre les pieds ?
Crédits :
Texte et vidéo : Marc Bettinelli
Photos : Fabien Voileau + Damien Bettinelli
En partenariat avec
Vuarnet
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