La Nouvelle Zélande est réputée pour être une terre de contrastes, tant pour ses paysages que pour son climat. Quand les derniers rayons de soleil d’été et les sessions de surf laissent place à l’hiver, l’île du Sud révèle un tout autre visage et des températures négatives que Quentin est parti affronter pour un road-trip sur ses routes gelées.
À quel moment me suis-je réellement rendu compte de la situation ? Le fait de voir que l’huile d’olive avait gelée lorsque nous nous sommes réveillés un matin a dû m’ouvrir les yeux : nous étions en Nouvelle Zélande en plein hiver, dans un van, et la température avait chuté à -10°C pendant la nuit.
Paradoxalement, ce n’est pas la nuit qui était le plus désagréable. Couverts de deux grosses couettes, calés au fond de nos sacs de couchages fermés comme des sarcophages et coiffés d’un bonnet, il faisait plutôt bon. Non, le plus difficile c’était ces moments juste avant ou juste après, c’est selon : imaginez-vous devoir installer le lit alors que le soleil est couché, qu’il n’est que 18h et que la température est déjà bien basse, puis devoir enlever votre jean pour vous glisser dans le duvet.
Imaginez-vous aussi vous réveiller et vous rendre compte que la condensation a gelée, formant une couche de givre sur les fenêtres à l’intérieur du van, et qu’il vous faut vous habiller pour aller aux toilettes situées à 300 mètres. Et je ne parle pas ici de la vaisselle à l’eau froide, un supplice pour les doigts.
Ça pourrait y ressembler, mais ce n’est pas de l’aigreur : je raconte ça comme un fait, une anecdote, et j’en rigole aujourd’hui. La Nouvelle Zélande, en van et en plein hiver, donne un nouveau sens à la notion de zone de confort. Sauf si vous dormez dans des campings de luxe, n’imaginez pas prendre des douches tous les jours : vous seriez déçus.
En parallèle, c’est le meilleur moment de l’année pour se retrouver seuls sur les routes de l’île du Sud, pour enchaîner les kilomètres sans croiser d’autre signe de vie que des moutons ou quelques otaries à fourrure, si vous allez sur la côte Est. Plusieurs fois, nous nous sommes arrêtés dans des spots de campings complètement vides.
Outre cette angoisse presque enfantine de la solitude qui nous faisait espérer qu’un tueur fou ne passerait pas dans le coin en pleine nuit, l’expérience de se réveiller seul face à la mer, alors que le soleil pointe le bout de son nez, est assez magique. Il ne manquerait plus que l’on aperçoive des dauphins au loin en se brossant les dents. Oh, attendez : c’est arrivé.
Passés 20 jours, le van devient un intime. La relation tissée avec lui, passée par des hauts et quelques bas, semble naturelle. Vous connaissez par coeur ses soubresauts, ses difficultés dans les côtes ou ses bruits de vaisselle cassée à l’arrière, comme si vous aviez passé la vie avec. C’est aussi et surtout devenu votre refuge, le seul : une protection certes limitée – mais primaire, contre le froid, la nuit et les éléments.
C’est probablement ce qui explique cette boule au ventre lorsque vous déposez les clés sur le comptoir, au moment de le rendre. En tournant à l’angle de la rue, vous vous direz probablement : « c’était une belle aventure. Revenons en été. »
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