9 285 kilomètres de rails de Moscou à Vladivostok, sans oublier un détour par Pékin et Oulan-Bator, tout ça en 15 jours…
Après notre guide ultime pour photographier les aurores boréales, il est l’heure d’embarquer pour une aventure de 9285 kilomètres aux côtés de Godefroy Gordet dans ce nouveau guide ultime du Transsibérien. Des conseils, des cartes, des fiches pratiques et quelques photos de Luca di Martino pour préparer votre prochain voyage à l’autre bout du monde.
Ligne mythique pour les voyageurs du monde entier, le Transsibérien, du haut de ses 100 ans, fait rêver les routards de tous bords. 101 ans exactement que les trains russes n’en finissent plus de traverser le continent. Voilà une sacrée paye qu’on peut traverser la Russie de part en part, de la Place Rouge à la mer du Japon. Un voyage unique où se succèdent des paysages hors normes, de l’immense Lac Baïkal, aux pins enneigés de Sibérie.
Mais le Transsibérien, contrairement à sa cousine la ligne Baïkal-Amour (du Lac Baïkal à l’Océan Pacifique par le fleuve Amour), ne s’arrête pas aux frontières de la mère patrie. C’est d’ailleurs ce qui le rend incontournable pour la plupart des globe-trotters aguerris. La ligne traverse trois pays, et donne à voir les contrastes saisissant entre une Russie froide mais amicale, une splendide et si calme Mongolie ainsi qu’une Chine bouillonnante et frénétique.
Voyager en Transsibérien, c’est vivre au rythme du train, une semaine de tourisme à retardement, à 60 km/h en moyenne sur les rails. De Moscou à Vladivostok, l’Extrême-Orient russe, Irkoutsk, au-dessus de la Mongolie, ou en empruntant les bifurcations de Oulan-Oudé à Oulan-Bator par le Transmongol, ou de Harbin à Pékin par le Transmandchourien, le Transsibérien se doit de culminer dans le top 3 de vos prochains trips.
« Tacatac tacatac tacatac… », ainsi se répétaient les claquements du train qui doucement poursuivait sa route. « Rrrr, Rrrr, Rrrr », chantait mon voisin de lit en mesure, dans son sommeil. Ainsi s’apprivoise un trajet en train de cette ampleur : au rythme des traverses de bois qu’on laisse derrière nous et avec toute la patience du monde. Car oui preux backpackers, simple touriste ou voyageur sans étiquette, il se peut que tu sois l’un de ceux qui veulent en voir un maximum, ceux qui courent après le temps…
Calme-toi tout de suite, car ce n’est pas l’objet d’un voyage en train, encore moins celui du Transsibérien. Ce train-là file à une allure impertinente pour notre époque. Tout ce qu’il y a de plus grisant, justement. Un train assez lent pour te laisser le temps d’admirer les paysages multiples et bariolés, de finir un gros Kerouac ou autre livre d’aventure et de t’adonner à quelques siestes bien méritées. En train, du temps, il en faut.
Les trains du Transsibérien sont nombreux, du Rossyia, le seul à poursuivre jusqu’au terminus, au Baïkal, Lenisseï ou Kama, qui suivent la branche nord de la voie ferrée, tous sont très agréables et fort cosy. À bord, on y fait des rencontres surprenantes, un service de restauration agrémente la chose, un samovar est à disposition pour l’eau chaude, et le provodnitso(a) – un chef de voiture souvent peu loquace – est très efficace.
Cependant, il faudra vous munir d’une sorte de kit de survie. Un petit « au cas où », nécessaire dans le contexte, comportant un peu de nourriture, de l’eau, du café ou thé, une multiprise, quelques bouquins, dont un guide de conversation, un masque de nuit, des bouchons pour les oreilles, et évidemment tout le nécessaire usuel, du papier toilette aux lingettes nettoyantes. Bien sûr, votre paquetage dépendra de votre façon de voyager, les premières classes des trains disposant d’un confort optimum et de repas compris dans le billet. Comptez 2 lits dans une cabine en première, 4 en seconde et une multitude en troisième, c’est un dortoir.
Le Transsibérien est une expérience de voyage singulière, authentique et unique pour être le chemin de fer le plus long au monde. Y embarquer pousse à profiter pleinement de ce train de légende, son cadre apaisant, et surtout ses habitants, russes, chinois, mongols, ouzbeks, kazakhs et tous les autres…
Un voyage en train de la sorte peut s’avérer un poil coûteux. Certes on ne part sac à dos sur les épaules et dodo chez l’habitant, mais clairement, on ne dépasse pas les plafonds qu’affichent certains vols pour le même genre de distance. On parle bien de plus de 9 200 km pour le trajet principal Moscou à Vladivostok. Alors forcément il y a quelques kopecks à lâcher.
Ainsi, début 2017, en basse saison, pour ce même trajet, il fallait dépenser moins de 1 000 euros en 1ère classe (63 000 roubles), un max de 425 € en seconde (27 000 roubles), et quasiment 150 € (9 500 roubles) en troisième, tout ça avec couchette (n’oublie pas de cocher la case draps, « sheets » ou « prostyni », c’est en supplément).
Des estimations réalisées mi janvier 2017, comme les réservations ne peuvent se faire qu’à moins de 45 jours du départ. Du coup, sans pour autant devenir inabordable, ce calcul varie en fonction des saisons, du type de train, de certaines options de confort (le prix des lits en hauteur est souvent doublé), et bien sûr des étapes que vous souhaitez faire.
Pour les trajets internationaux au départ de Moscou et jusqu’à Pékin ou Oulan-Bator, les prix fluctuent mais sont très proches de ceux donnés plus haut. Si vous vous lancez dans un trajet en étapes, il vous faudra prendre plusieurs billets pour un coût supplémentaire pas franchement exorbitant, mais méfiez-vous tout de même des tours opérateurs qui s’en mettent plein les poches.
L’astuce est de prendre ses billets sur place en gare de Moscou, quelques jours, voire une semaine avant, ou au mieux par internet sur le site officiel des chemins de fer russes. L’ensemble des tarifs en fonction des trajets et des étapes est disponible sur rzd.ru, mais encore faut-il savoir lire le cyrillique… Comme la version anglaise n’est pas tout à fait au point – et c’est le moins qu’on puisse dire –, il vous faudra du courage pour déchiffrer quelques formules non traduites avant de commander vos tickets. Mais le jeu en vaut la chandelle vu les prix exorbitants que les agences de voyage affichent, soit deux à trois fois les prix en fonction des tours opérateurs. Mieux vaut donc se retrousser les manches, et se débrouiller tout seul.
Au final, pour un voyageur peu exigeant, un aller/retour sur le Transsibérien, avec en bonus quelques étapes, coûtera en moyenne 600 euros (300 euros l’aller), le double pour les voyageurs qui aiment conserver leur intimité en cabine privée. À cela s’ajoutent quelques dépenses d’usage, des victuailles au fameux « kit de survie », deux semaines de vie que l’on peut estimer au plus largement sur place à 200 euros. En additionnant le coût des visas, le russe (65 euros, visa 30j) et les autres, si vous décidez d’arpenter les steppes Mongols (90 euros, visa 30j) ou de gravir la muraille de Chine (60 euros, visa 30j), et sans oublier le vol Paris/Moscou (450 euros en trajet direct), on tombe sur un total franchement honorable qui ne dépassera pas les 1 500 euros par personne pour une belle quinzaine à l’autre bout du monde. De quoi motiver quelques curieux.
On ne va pas tergiverser 107 ans là-dessus. Il y a clairement une part personnelle, voire intime au choix de son itinéraire. Un voyage tel que celui-ci doit être le vôtre, pas celui des 5 000 personnes des trains précédents. Nous proposons ici une ou deux alternatives, qu’il t’est impératif de corriger, déstructurer, modifier, changer ou bifurquer à ta sauce.
Premièrement, tu dois savoir que d’Ouest en Est, la Russie s’étend sur 11 fuseaux horaires, le Transsibérien connaît donc un fort décalage horaire (7 heures) du départ (Moscou) à l’arrivée (Vladivostok). Néanmoins, pour ne pas s’y perdre, sur les billets de la ligne, les heures de départ et d’arrivée sont à l’heure de la capitale russe.
Ensuite, l’itinéraire phare pour nous reste le classique Moscou à Vladivostok sur la ligne principale, à bord du Rossiya n° 1/2, le train le plus clinquant du Transsibérien. Le trajet en train originel est de 6 jours et sans escales. Si tu souhaites faire quelques escales dans les jolies villes de Russie, Iekaterinbourg dans l’Oural, Tomsk en Sibérie de l’Ouest, ou Krasnoïarsk en Sibérie Orientale, il te faudra prendre plusieurs billets différents. Pour ce genre de trajets les Firmennye ou Poezda sont parfaits, mais quoi qu’il arrive évite les trains numérotés au delà de 100.
Puis, arrivé à Vladivostok, rien ne t’empêche de rejoindre Changchun en Chine par avion (en 55 minutes, c’est quand même le plus simple), pour repartir sur le Transmandchourien jusqu’à Pékin, puis de Pékin partir sur le Transmongol via Oulan-Bator et enfin rebrousser les rails du Transsibérien de Ulan Ude à Moscou.
Enfin, l’itinéraire classique sur trois pays (Russie/Moscou, Mongolie/Oula-Bator, Chine/Pékin) consiste à suivre le Transsibérien au départ de Moscou jusqu’à la ville de Ulan Ude derrière le Lac Baïcal, pour rejoindre Oulan-Bator par les steppes à bord du Transmongol, via Naushki (la frontière entre la Russie et la Mongolie) puis arpenter la Muraille de Chine à Pékin, par Erenhot (la frontière entre la Mongolie et la Chine) et finalement embarquer pour un vol vers Paris.
Ce trajet connaît une variante en le poussant jusqu’à Vladivostok par, d’abord, le Transmandchouerien de Pékin à la Jonction d’avec le Transsibérien en passant par Manzhouli (la frontière entre la Chine et la Russie), puis en empruntant la fin de la ligne du Transsibérien jusqu’au terminus Vladivostok, où vous attend un avion pour Paris ou Moscou.
En bref, tu l’auras compris, il y a autant d’itinéraire que de voyageurs. Reste à savoir dans quoi tu veux t’embarquer, un trip authentique, moins confort, mais plus immersif, ou un voyage langoureux, plus rassurant mais tout autant effarant.
Pour un tel voyage, paperasse tu auras. Quoi qu’en fait, on ne parle que de trois petits visas, et de quelques billets de trains, rien de bien méchant. Mais tout de même !
Comme ce genre de voyage se monnaie bien, certaines personnes peu scrupuleuses en profitent. Voici donc quelques conseils de base pour vos visas, réservations et paperasses éventuelles. Une base, pas non plus un manifeste, vous n’êtes plus des enfants !
D’abord, il te faut obtenir un billet d’avion. Une étape indispensable pour les demandes de certains visas. La Russie et la Chine peuvent exiger la confirmation de la réservation d’un billet d’avion, avant de te délivrer ton sésame. Comme expliqué précédemment un aller/retour – Paris/Moscou est facile à obtenir, via Internet, et relativement abordable, en fonction des saisons, mais sur ce genre de trip, un aller Paris/Moscou pour un retour Pékin/Paris est également envisageable. Bien que la plupart des flottes proposent cet aller (Paris/Moscou) avec escale, il est très facile de trouver des directs avec Air France ou Aeroflot (Russian Airlines).
Le retour de Pékin se fait aussi avec escale dans la plupart des cas, mais en poussant un chouia ton budget, Air France ou Air China ont de très belles solutions de vols. Sache qu’un aller unique est toujours plus cher qu’un aller/retour : sur le Pékin/Paris, par exemple, les simulations nous donnent une moyenne de 550 euros aller/retour, contre 600 euros pour uniquement un aller. Comptez donc pour le périple Paris/Moscou, Pékin/Paris, au moins 1 000 euros de billets.
Ton itinéraire établi, tes billets d’avion achetés précédemment, faits tes demandes de visas. Cette étape est de loin la plus fastidieuse de cette préparation au trip dans le sens où les démarches peuvent prendre du temps et la paperasse à fournir est souvent gargantuesque. On te conseille donc de choper tous tes visas avant ton départ, tu seras plus serein. Comme toujours et quasiment pour tout ce que tu peux faire toi-même, des agences se chargent de te dégoter tes visas, contre une commission indécente.
Pourtant, rien de bien compliqué en soi : pour l’ensemble de tes visas, les lieux les plus indiqués sont les ambassades des pays respectifs. Le visa russe s’obtient donc auprès de l’ambassade de Russie à Paris, et les autres de la même façon en France ou en Russie à l’ambassade de Mongolie, pour le visa Mongol, et en Mongolie à l’ambassade de Chine, pour le visa Chinois…
Pour le visa russe, prévois un passeport valable six mois après l’expiration du visa, avec au moins deux pages libres dedans, une photocopie de ce dit passeport et des photos d’identité. Tu devras également remplir, signer et dater un formulaire de demande de visa, et fournir aussi un justificatif d’assurance voyage avec attestation d’assurances maladie et rapatriement aux dates de ton voyage, d’une compagnie russe ou d’une française partenaire. De nombreuses assurances de voyage proposent la chose pour moins de 100 euros, pour des séjours de moins de deux mois. L’administration russe demande également un Voucher touristique pour ton premier séjour là-bas. Donc soit tu montres une confirmation de réservation d’hôtel, soit tes amis russes te font une lettre d’invitation en bonne et due forme, précisant qu’ils t’accueillent pour la durée totale de ton séjour sur place.
Pour la Mongolie, c’est un poil plus simple. Une demande usuelle (par formulaire de demande de visa, toujours) se fait en France ou dans l’ambassade mongole du pays où vous vous trouvez. On vous demandera les mêmes papelards que pour voyager en Russie, quelques 90 euros pour un visa touristique de 30 jours, et hop ! Le tour est joué. Dans le cas où tu fais une demande de visa mongol à l’étranger, prévois de rester quelques jours sur place, le temps que la procédure « procède ».
Pour le visa chinois, on va te demander de remplir quelques formulaires et de fournir quelques documents très proches de ceux demandés par les autres pays… Un formulaire d’entrée A, un B aussi, une réservation d’hôtel ou une lettre d’invitation d’un ami chinois, une photo d’identité, et tes billets d’avion…
C’est à peu près tout.
Pour l’achat de tes billets de train sur la ligne du Transsibérien, tu peux te reporter au paragraphe précédent (« Définir un budget »), où l’on te conseille de tout acheter sur place, en gare de Moscou, ou 45 jours avant, sur le site officiel des chemins de fer russe. À noter que certains services de réservation de billets te fourniront, en plus, la fameuse « lettre d’invitation » que demandent les visas, mais le coût est 20% plus cher.
Tu es fin prêt pour faire ta valise.
Premièrement, prévois un pyjama ou quelque chose du genre pour te balader dans les couloirs du train. Il y fait quelque chose comme 25°C et comme le trajet est long, mieux vaut se mettre à l’aise.
Un voyage en train c’est un peu comme une nuit dans une auberge de jeunesse, les douches ne sont que rarement libres, et nos amis « calme » et « tranquillité » se font eux aussi bien rares. Alors, comme tu as déjà préparé ton kit de survie (cf plus haut), on ne saurait te conseiller de prendre quand même quelques sapes chaudes, voire très chaudes en hiver (il y a plus de 100 jours de gels par an) et pourquoi pas un maillot de bain en été (si tu pars entre juin et septembre). Globalement, et en toute logique il fait plus froid au nord/est qu’au sud/ouest… Alors, comme ton voyage te mène vers l’est, agis en conséquence.
Ensuite, il te faut t’organiser pour un voyage en train et non l’un de tes voyages habituels où tu profites d’une chambre ou d’un petit espace pour gérer tes affaires. Là, il te faudra rendre les choses primordiales accessibles, en gros : ton kit de survie (mentionné plusieurs fois plus haut), et ton pyjama.
Pour le reste, les Russes connaissent bien les voyages en train et ont leurs petites habitudes, aussi, si tu veux profiter « des communs », il te faudra batailler sec : les douches/toilettes sont spacieuses mais il y a souvent foule devant la porte, les places accoudées au bord des fenêtres se font rares quand le beau temps est là et les quelques prises électriques des couloirs sont vite squattées. Un point important à respecter : dans les voitures à compartiment partagé ou en dortoir, les hommes attendent dans le couloir quand les femmes se changent. Un minimum en définitive.
Voilà, à toi de jouer désormais. Au final, toute cette affaire t’appartient beaucoup plus qu’à nous. On ne saurait trop te conseiller d’être prudent quoi qu’il arrive, autant que quand tu te balades autour de la Tour Eiffel à Paris, ou sur Las Ramblas de Barcelone d’ailleurs. Les contretemps arrivent partout. Ce qui est sûr, c’est que les voyageurs du Transsibérien sont bourrus, de prime abord, et sans concession, paraît-il, mais tendre, dans le fond, et ouvert au monde, visiblement !
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