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Surf et mécanique sont deux univers a priori opposés, qui se retrouvent pourtant autour de l’esprit ride. Différents festivals leur font honneur, comme le Wheels and Waves de Biarritz dont Jon Sanchez nous rapportait quelques clichés en juin dernier. Germain et Stéphane ont quant à eux pris la route jusqu’aux Asturies pour quelques jours entre les vagues et les roues du Motorbeach festival.
Mon téléphone vibre : « Et si on partait au Motorbeach ? » Stéphane me propose un plan. Des surfeurs dansant avec des riders, en plein milieu des grandes forêts d’eucalyptus, c’était bien vendu !
Le 19 juillet au matin, me voilà à l’arrière d’une GS 1200, où je dois trouver ma place parmi les 60 kg de matériel chargés sur la moto. Nous quittons Bordeaux, direction le Pays Basque espagnol pour y passer la nuit. Une brève escale à Biarritz nous permet de nous restaurer, face à la mer, avant de reprendre la route pour la traversée des Pyrénées.
J’ai plaisir à retrouver l’atmosphère particulière de ce pays et ses milles nuances de verts. Le temps est maussade, la pluie se fait sentir. C’est mon premier road trip en moto et on va dire que je ne suis pas tout à fait équipé… J’entends encore le fou rire de Stéphane, quand il m’a vu arriver avec mes chaussures bateaux et mon blouson de voile.
Après de longues heures à supporter le ronronnement persistant du moteur, Zarautz et Getaria montrent enfin le bout de leur nez. On trouve refuge dans un surf camp où nous plantons la tente. Le ciel se dégage, les surfeurs descendent à tout allure le chemin taillé dans les hautes falaises pour filer à l’eau. Il est temps pour nous d’en profiter pour découvrir la ville. Quel bonheur de s’assoir en terrasse pour y boire des bières et y déguster des tapas, tout en profitant du clapotis des vagues et du soleil couchant.
Le lendemain, levé aux aurores, il pleut des cordes et le vent souffle fort. Impossible de partir. Nous voici bloqués sous un avant-toit jusqu’à midi environ. L’impatience nous gagne. Nous partons, malgré le mauvais temps. Mon jean s’en souvient encore. Nous passons par les villes côtières Bilbao, Laredo, Santander, qui me rappellent des souvenirs d’enfance. Nous roulons maintenant sur des routes en lacet, traversons des tunnels percés dans de hautes montagnes et franchissons des ponts suspendus à plus de 200 m de haut, qui tournent à 90 degrés. Je sais maintenant pour quoi je suis venu.
Chaque kilomètre révèle de nouvelles surprises, chaque tunnel s’ouvre sur un nouveau paysage. Les montagnes se jettent directement dans le creux des vagues, le bleu de l’océan rencontre le vert des coteaux. La vue est incroyable ! Une fois passé le parc de Los Picos da Europa, nous commençons à croiser de plus en plus de motards, de vans, et de véhicules étranges. On distingue maintenant les portes du Motor Beach. Des centaines de motos aux looks invraisemblables roulent dans tous les sens. Le spectacle est aussi impressionnant que l’endroit : une avancée de terre surplombant une mer agitée d’une centaine de mètre. D’immenses forêts d’eucalyptus viennent donner du contraste à ces pâturages au vert presque fluo.
Du surfeur barbu dans son combi fraîchement rénové au biker en veston de cuir et Harley, le spectacle ne manque pas de diversité. Des structures se montent de toute part. Devant moi, un homme sort des planches de sa caravane et, sur le toit de son véhicule, il commence à construire une estrade précaire. La musique se mélange aux vrombissements des moteurs.
Après une courte nuit agitée, je décide d’aller me baigner dans une des magnifiques baies qui ne nichent au bas des falaises. En chemin, je suis surpris de voir des pèlerins. Ils empruntent le chemin de Saint Jacques de Compostelle, qui passe le long de la baie. De retour sur le campement, les bikers affrontent le « mur de la mort » – un bol rond aux parois verticales sur lesquelles ils roulent, accompagnés d’une musique endiablée. Juste à côté, se déroule une compétition de surf. Drôle de contraste. Le soir venu, un homme traverse le public avant de monter sur scène et de lancer un « Hey ho ! Let’s go ! ». Surprise, ce n’est autre que Micky Ramone.
Le lendemain, après un réveil difficile, direction le village le plus proche à pieds. Je crains que notre appréciation des distances ne nous ait jouée des tours. Nous ignorions alors que nous nous embarquions pour un périple d’une bonne vingtaine de kilomètres, avec 800 mètres de dénivelé le long de falaises escarpées. En tongs.
Qu’importe, les paysages et le silence qui régnait dans la forêt valaient bien nos efforts. Après cinq jours intenses, il est temps de repartir. Le départ se fait par beau temps cette fois-ci (!), et à trois motos. Alors que le soleil perce timidement la brume à l’horizon, nous roulons seuls sur une route splendide traversant la montagne. Le tableau semble irréel et l’espace d’un instant, j’ai presque l’impression de vivre dans une scène de La vie rêvée de Walter Mitty. Stéphane, Ben, Flore, Ronan, Christine, Imène, Erik… Merci.
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