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Cette année, plutôt que de traîner dans les bouges de Shinjuku, Yann Audic a décidé profiter du grand air des forêts du Japon.
[dropcap]C[/dropcap]’est pas la première fois que je me rends au Japon avec Naoko, ni même la seconde, mais pourtant la surprise est toujours là : au coin de la rue à Tokyo, au coin d’une route dans la campagne, au coin d’un comptoir la nuit. Surprise accentuée par la curiosité des Japonais à notre endroit, surtout la nuit, surtout accoudés à un zinc.
Cependant cette année, plutôt que de traîner dans les bouges de Shinjuku, le grand air était au programme, « let’s go hiking » on s’est dit , « let’s go see monkeys in the snowy onsen ». Bon on ne verra ni la neige, ni les singes, mais on verra des rivières, des montagnes, de la forêt, beaucoup de forêt comme dans Mononoké, et un hôtel vide au bord d’un lac. Un bon road trip avec des cartes papier, des aires d’autoroutes, des cafés sur des parkings de 7 Eleven et des onigiris. Tout ce qui comble mes obsessions photographiques sur la banalité, le normal, le super-simple.
On est partis de Tokyo le 3 janvier, un dimanche. On ne pouvait pas décoller le 2, il y avait Ekiden, la célèbre course à pied en relais entre Tokyo et le Mont Fuji, leur Tour de France, l’évènement télé de l’année, et puis surtout il y avait un bon repas de prévu à la maison, on part pas de chez soi avant un poulet-frites, enfin une bento-box à Tokyo.
Première contrainte, emprunter la Subaru des parents et réussir à sortir de Tokyo. C’est pas qu’il y ait du trafic mais conduire à gauche avec les différents niveaux et couches de routes et d’autoroutes n’est pas toujours simple. Mais hey, j’ai l’habitude de conduire à Paris, et avec ma plaque d’immatriculation TOKYO Shinagawa (équivalent d’un 75) et mon style chaotique imprévisible, on a vite pris nos marques sur la route. Je n’ai pas abîmé la voiture cette fois-ci, pas d’histoires alambiquées à improviser à notre retour devant les parents. Oui en fait la dernière fois, j’ai « percuté », enfin touché, poussé une voiture en stationnement avec 2 enfants seuls à l’intérieur (pas de blessés à déplorer). Je ne sais toujours pas s’ils étaient plus affolés par le bruit ou par la surprise de voir un caucasien sortir d’une Subaru dans ce coin du Japon assez éloigné. Aussi, ne jamais négliger l’effet de surprise que l’on provoque là-bas.
Donc en voiture, et après quelques heures de route, on arrive vite dans les montagnes : Yamanashi Prefecture, puis des montagnes plus sérieuses vers Nagano. Deuxième route à gauche au hasard, un parking, un chemin de randonnée, c’est parti. Honnêtement pour cette première fois, on n’était pas très préparés, enfin on n’était pas vraiment équipés ni renseignés, et il faut se rendre à l’évidence, on est beaucoup plus forts dans l’idée de la randonnée que dans la randonnée elle-même. Très belle découverte néanmoins que ce pont suspendu, cette rivière, cette forêt. Mais en fait, le sentier menait nulle part, il était fermé. C’est un détail, c’était ultra-poétique cette balade en forêt, on en fera plusieurs autres et on rencontrera le même esprit. Un prêtre shinto croisé là a béni notre année 2016, on verra.
C’est l’hiver, il fait nuit tôt, et chaque jour pour occuper nos fins d’après-midi, nous nous rendons à l’Onsen, bains d’eau chaude, les Japonais y vont aussi tout simplement pour se laver. Il y a une sorte de process à respecter, on se douche d’abord assis les uns à côté des autres, nus, puis on peut aller dans le bain, pareil, les uns à côté des autres. On adore quand c’est une ancienne qui gère les serviettes dans le vestiaire et ce sentiment particulier d’être dans le plus simple appareil, debout devant une femme qui pourrait être ta grand-mère, gêne.
Le plus épatant au Japon, c’est la relation avec les gens, leur gentillesse, leur accueil, l’attention qu’ils te portent. Ça paraît idiot de dire ça genre Guide du routard sur le retour, mais quand on arrive direct de Gare de Nord à Tokyo, c’est surprenant voire gênant, le fameux contre-don, etc. En l’occurence l’un de nos highlights est un Bed&Breakfast : Dylan à Omi-Maiko (100 Minamikomatsu, Otsu 520-0502, Shiga Prefecture). Le lieu est posé sur la plage sur le bord du Lac Biwa, lever du soleil sur le lac et les montagnes tous les matins, sur les murs Bob Marley, dehors canapé et barbecues. On imagine l’ambiance en été, ce spirit zion-japonais qu’on retrouve à Zushi, Niijima ou Shimoda, surf spot japonais réputé. Là c’est plus ambiance montagne, lac. Il n’y a personne dans l’hotel, il est à moitié fermé, ça n’empêchera pas le proprio de tout ouvrir pour nous mettre le chauffage à fond, nous ouvrir des bières, nous ouvrir sa cuisine, pour 3 personnes pour une nuit… ça pour moi c’est le coeur du Japon, c’est cela qu’il faut aller rencontrer au Japon.
Bisous, Yann.
Yann Audic finit actuellement un livre photographique sur le Japon, publié très prochainement aux Editions Rue Du Bouquet.
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